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Des TPE fragilisées et incomprises

12 Mai 2016
Antoine Balduino
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Baromètre des TPE : une situation économique qui reste précaire.



Le Baromètre des TPE Fiducial-IFOP pour Sud Radio et Public Sénat, l’enquête de conjoncture trimestrielle réalisée auprès des Très Petites Entreprises, montre un constat clair : ça ne va pas mieux du tout pour les TPE, qui ne connaissent aucun signe de reprise économique. La loi El Khomri est incomprise par les patrons.

Les petites entreprises, les laissées pour compte de la faible reprise française

Après une fin d’année 2015 particulièrement critique pour les TPE, l’indicateur de situation financière* remonte légèrement, de +3 points, mais reste solidement négatif à -18 (qui constitue le taux moyen de 2015). Les chefs d’entreprise n’entrevoient pas d’éclaircie. Au contraire, ils sont de plus en plus nombreux à être pessimistes sur le climat général des affaires en France (81 %, avec un bond de +10 points en 9 mois) et à juger la situation financière de leur entreprise préoccupante (34 % en augmentation de +8 points depuis octobre 2015). Alors que la création nette d’emplois s’effondrait à -3,5 sur la période octobre-décembre 2015, cette dernière n’est toujours pas à l’équilibre (-0,5). Si le secteur de l’industrie s’en sort mieux (+2), celui des services aux entreprises connaît des difficultés persistantes (-2).
 

Incompréhension et scepticisme : les maîtres-mots de la loi El Khomri

Le projet de loi El Khomri pâtit en premier lieu d’un manque de visibilité sur son contenu. 71% des dirigeants de TPE déclarent mal le connaître dont 29 % « très mal ». A la question, pouvez-vous citer une mesure qui vous plait ou déplait dans le projet de loi, on obtient :
 
-       En positif, seules trois mesures émergent à plus de 2 % : l’autorisation du licenciement économique sur la base des difficultés uniquement en France (12 %), le plafonnement des indemnités prud’homales (8 %) et la facilitation des licenciements (4 %). On observe que 29 % des interviewés estiment que le projet ne contient aucune bonne mesure.
 
-       En négatif, la surtaxation des CDD est la mesure la plus décriée (11 %).Viennent ensuite l’autorisation du licenciement économique seulement en fonction des problèmes rencontrés en France (7 %) et la modulation du temps de travail (5 %).
 
Le jugement sur la capacité de la future loi à réduire le chômage est mitigé, 37 % des patrons(46 % pour le secteur des services aux entreprises) pensent qu’elle va permettre de créer de l’emploi et 31 % qu’elle va inciter les petites entreprises comme la leur à embaucher. Dans le même temps, 53 % estiment qu’elle va accroître la précarité des salariés.

La taxation des CDD, un contre sens économique

Les CDD représentent 50 % des embauches au 1er trimestre 2016 dans les TPE. Le recours aux CDD de plus d'un mois (41 % des contrats) est avant tout motivé par un surcroît temporaire d’activité (66 %) et, pour près de la moitié d’entre eux (46 %), par le souhait de s’assurer que le poste est économiquement viable. Un tiers des patrons (33 %) utilise ce contrat pour le remplacement d’un salarié absent et/ou pour tester les compétences du salarié (31 %).
 
Jean-Marc Jaumouillé, Directeur des techniques professionnelles de Fiducial, explique : « Les CDD représentent plus de la moitié des embauches des TPE. Alors pourquoi leur imposer des charges supplémentaires, quand de nombreux CDD se transforment en CDI après qu’elles aient pu apprécier la viabilité du poste et la compétence de leur salarié ? Elles ont besoin de passer par cette étape pour ne pas mettre en péril leur pérennité. Une TPE de 3 personnes (l’effectif moyen en France) qui embauche une personne supplémentaire augmente son effectif d’un tiers. Pour couvrir l’embauche, son chiffre d’affaires doit croître d’environ 20 % (comparés au +1,5 % de croissance de notre pays). Il faut vraiment avoir foi en l’avenir pour prendre ce risque. Surtaxer les CDD, c’est réduire le nombre de CDD, c’est aussi réduire l’embauche ».



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