Arthur Frayer, journaliste, n’a pas hésité à devenir surveillant de prison pour écrire un livre sur l’univers carcéral. Pour cela, il a passé le concours de l'Ecole nationale de l'Administration pénitentiaire (Enap) puis effectué huit mois de formation. Après trois semaines de cours, il est envoyé en stage d'observation à Fleury-Mérogis. C'est sa première visite en prison. Voici un extrait de ces premiers jours.
« Prison modèle à sa construction, dans les années 1960, Fleury-Mérogis a vieilli très rapidement, gangrenée par la surpopulation carcérale et ses pics à 4 000 détenus pour un peu moins de 3 000 places. C’est un établissement hors normes, une Cocotte-Minute prête à exploser ». Beaucoup de surveillants sont des jeunes de moins de 30 ans, venus faire leurs premières armes ici et qui retourneront chez eux dès qu'ils auront suffisamment d'ancienneté. Quant aux prisonniers, « l'immense majorité d'entre eux a moins de 21 ans.
(…) La visite matinale se termine par un rapide passage dans la salle de fouille. Officiellement appelée « fouille à corps » et rebaptisée « fouille à cul » par les surveillants, elle est strictement encadrée et aucun contact physique n'est autorisé. Un surveillant adipeux d'une cinquantaine d'années nous explique très poétiquement son travail : « Ici, c'est simple, on voit passer des kilomètres de bites ! Et puis, quand on reçoit des travelos, je laisse le petit nouveau s'en occuper », lâche-t-il dans un éclat de rire en désignant du menton le surveillant stagiaire assis sur une chaise en face de lui.
(…) Ma première journée de « presque maton » touche à sa fin. Nous n'avons pas bougé de nos chaises de l'après-midi et mes membres sont ankylosés. Les autres élèves ne cessent de consulter leur montre. Un des formateurs conclut avant de nous laisser partir : « Un jour, un détenu m'a dit : “Vous savez, surveillant, moi, je vais partir d'ici avant vous ! Vous, vous y êtes encore pour trente ans ! ” »
« Prison modèle à sa construction, dans les années 1960, Fleury-Mérogis a vieilli très rapidement, gangrenée par la surpopulation carcérale et ses pics à 4 000 détenus pour un peu moins de 3 000 places. C’est un établissement hors normes, une Cocotte-Minute prête à exploser ». Beaucoup de surveillants sont des jeunes de moins de 30 ans, venus faire leurs premières armes ici et qui retourneront chez eux dès qu'ils auront suffisamment d'ancienneté. Quant aux prisonniers, « l'immense majorité d'entre eux a moins de 21 ans.
(…) La visite matinale se termine par un rapide passage dans la salle de fouille. Officiellement appelée « fouille à corps » et rebaptisée « fouille à cul » par les surveillants, elle est strictement encadrée et aucun contact physique n'est autorisé. Un surveillant adipeux d'une cinquantaine d'années nous explique très poétiquement son travail : « Ici, c'est simple, on voit passer des kilomètres de bites ! Et puis, quand on reçoit des travelos, je laisse le petit nouveau s'en occuper », lâche-t-il dans un éclat de rire en désignant du menton le surveillant stagiaire assis sur une chaise en face de lui.
(…) Ma première journée de « presque maton » touche à sa fin. Nous n'avons pas bougé de nos chaises de l'après-midi et mes membres sont ankylosés. Les autres élèves ne cessent de consulter leur montre. Un des formateurs conclut avant de nous laisser partir : « Un jour, un détenu m'a dit : “Vous savez, surveillant, moi, je vais partir d'ici avant vous ! Vous, vous y êtes encore pour trente ans ! ” »
Améliorer les conditions
« Mon livre n'est pas contre les surveillants mais contre le système. Surveillants et détenus sont dans la même galère. Améliorer les conditions de détention, c'est améliorer les conditions de travail des matons. Mon but était de dire la complexité de la prison sans avoir un regard manichéen », explique-t-il à la République du Centre.
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