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La Poste, un statut bien à part

27 Septembre 2010
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Selon un sondage CSA, publié le 29 septembre 2008 par le quotidien L'Humanité, 75 % des Français s’opposaient à la privatisation de La Poste. D'après la même étude, 83 % des sondés pensaient que « La Poste sera privatisée dans quelques années » si le projet gouvernemental est adopté. Le 1er mars 2010, La Poste est devenue une société anonyme à capitaux 100 % publics. Selon le gouvernement, l’objectif de cette mutation est de pouvoir réaliser une augmentation de capital en 2011 afin de faire face à l’ouverture de la concurrence prévue le 1er janvier 2011.

Au total, Jean-Paul Bailly estime qu’il faut environ 3 milliards d'euros pour financer cette modernisation nécessaire. Selon lui, l’ouverture du capital permettra d’obtenir entre 2,5 et 3,5 milliards d’euros. Sans cela, La Poste n’aurait des capacités de financement que de 300 millions d'euros par an. Mais, au-delà des considérations financières, La Poste a un statut spécial car elle prend en charge des missions d’intérêt général. Il y a deux ans Économie et société revenait sur ces enjeux.
La Poste, un statut bien à part

Article publié pour la première fois le 26/09/2008

La décision d'ouvrir le capital de la Poste au financement privé inquiète nombre de nos concitoyens. Ils y voient, à juste titre, une menace sur les missions d'intérêt général plus ou moins explicites que remplit cette entreprise (prix unique du timbre, dense maillage du territoire, réseau de redistribution sociale à travers la banque postale...).

La Poste, propriété de tous

Les économistes ont beau mettre en avant les besoins de financement de la Poste qui affronte la concurrence, la population doute que le privé soit naturellement incliné à prendre en charge l'acheminement du courrier dans le fin fond de nos reculées campagnes. C'est alors que l'argument des dits économistes tombe, imparable. "Demandons aux Français s'ils sont prêts à augmenter leurs impôts de 10% pour que la Poste reçoive les 5 milliards dont elle a besoin sans s'ouvrir aux actionnaires....et on verra alors leur attitude..." nous dit par exemple Elie Cohen.

Mais faisons fi, un moment, de la logique comptable. Ce que nos concitoyens expriment, ce n'est pas une "nostalgie communiste" mais un besoin de propriété collective, le bénéfice qui réside dans la possession commune d'une activité qui rend un service à chacun. Ce sentiment leur fait ressentir la privatisation de la Poste comme une sorte de dépossession.

La propriété collective comme prolongement de la propriété privée

Dans un ouvrage célèbre, "Les exclus", René Lenoir (secrétaire d'État à l'action sociale) citait la philosophe Simone Weil à ce sujet :

"La participation aux biens collectifs, participation consistant, non pas en jouissance matérielle, mais en un sentiment de propriété, est un besoin non moins important que la propriété privée. Là où il y a véritablement une vie civique, chacun se sent personnellement propriétaire des monuments publics, des jardins, de la magnificence déployée dans les cérémonies, et le luxe que presque tous les êtres humains désirent est ainsi accordé même aux plus pauvres."

(…) Une grande usine moderne constitue un gaspillage en ce qui concerne le besoin de propriété. Ni les ouvriers, ni le directeur qui est aux gages d'un conseil d'administration, ni les membres du conseil qui ne la voient jamais, ni les actionnaires qui en ignorent l'existence, ne peuvent trouver en elle la moindre satisfaction à ce besoin
." La propriété collective comme prolongement de la propriété privée, voilà une belle "utopie libérale" à méditer.



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