Les difficultés économiques structurelles du Brésil et de la Russie, le rééquilibrage de la croissance chinoise et le regain de dynamisme indien témoignent de trajectoires contrastées. Les situations des « BRICS » sont si différentes que cette dénomination n’est plus adaptée.
La Chine ressemble de plus en plus aux « pays développés »
Le célèbre acronyme « BRIC », devenu très vite « BRICS » après l’intégration de l’Afrique du Sud, a vécu ! Son inventeur, l’économiste de Goldman Sachs Jim O’Neill, l’a d’ailleurs admis volontiers ces dernières années. Fondé sur le constat de puissants rythmes de croissance et d’une démographie pleine de vitalité, caractéristiques communes de la Chine, du Brésil, de l’Inde et de la Russie au début des années 2000, le concept a perdu de son sens tant les dynamiques économiques de ces pays ont, depuis, divergé.
Car la croissance des BRICS n’est plus uniforme. Alors qu’entre 2000 et 2008, ces économies progressaient entre 4 et 10% par an, leurs rythmes sont désormais très inégaux. En proie à des incertitudes politiques ainsi qu’à l’effet négatif de la baisse des prix des matières premières, le Brésil et la Russie connaissent une lourde récession depuis presque deux ans quand la Chine fait l’apprentissage d’une croissance économique moins élevée que par le passé, mais plus soutenable.
De ce point de vue, la Chine est certainement le pays dont les standards économiques et sociodémographiques convergent le plus rapidement vers ceux des pays développés. À 1,5%, l’inflation « core » y est relativement basse, tandis que le creusement du déficit public devient une préoccupation majeure. La force de travail disponible du pays est en train de se stabiliser avec le vieillissement de la population, le taux de fécondité étant en net déclin (et d’ores et déjà sous le seuil de reproduction).
Car la croissance des BRICS n’est plus uniforme. Alors qu’entre 2000 et 2008, ces économies progressaient entre 4 et 10% par an, leurs rythmes sont désormais très inégaux. En proie à des incertitudes politiques ainsi qu’à l’effet négatif de la baisse des prix des matières premières, le Brésil et la Russie connaissent une lourde récession depuis presque deux ans quand la Chine fait l’apprentissage d’une croissance économique moins élevée que par le passé, mais plus soutenable.
De ce point de vue, la Chine est certainement le pays dont les standards économiques et sociodémographiques convergent le plus rapidement vers ceux des pays développés. À 1,5%, l’inflation « core » y est relativement basse, tandis que le creusement du déficit public devient une préoccupation majeure. La force de travail disponible du pays est en train de se stabiliser avec le vieillissement de la population, le taux de fécondité étant en net déclin (et d’ores et déjà sous le seuil de reproduction).
Des difficultés économiques structurelles
Associée à la création fulgurante de richesses du pays depuis deux décennies, cette évolution démographique a contribué à la hausse des revenus salariaux et du coût global de la main d’œuvre, à présent moins compétitif que dans d’autres pays, comme l’Inde. La Chine n’a plus les moyens d’être l’atelier manufacturier du monde à bas prix, mais peut miser sur de nouvelles forces comme l’essor d’une classe moyenne capable de consommer des produits à valeur ajoutée plus élevée.
Cas d’école de la théorie de la « maladie hollandaise », les économies russe et brésilienne payent aujourd’hui le prix fort de leur dépendance à la rente issue des matières premières. Ces deux pays n’ont pas assez diversifié leurs activités et ont négligé le développement du secteur manufacturier, source de compétitivité à l’export lorsque les prix des matières premières chutent.
Autre symptôme de leurs difficultés économiques, le Brésil et la Russie manquent cruellement d’infrastructures. L’Afrique du Sud est aussi dans cette situation. Ce frein au développement est la conséquence de faibles ratios d’investissement (en comparaison du PIB national). Si, dans le cas du Brésil, l’afflux de capitaux étrangers est significatif, le taux d’épargne domestique est trop insuffisant pour participer au financement de projets infrastructures.
Cas d’école de la théorie de la « maladie hollandaise », les économies russe et brésilienne payent aujourd’hui le prix fort de leur dépendance à la rente issue des matières premières. Ces deux pays n’ont pas assez diversifié leurs activités et ont négligé le développement du secteur manufacturier, source de compétitivité à l’export lorsque les prix des matières premières chutent.
Autre symptôme de leurs difficultés économiques, le Brésil et la Russie manquent cruellement d’infrastructures. L’Afrique du Sud est aussi dans cette situation. Ce frein au développement est la conséquence de faibles ratios d’investissement (en comparaison du PIB national). Si, dans le cas du Brésil, l’afflux de capitaux étrangers est significatif, le taux d’épargne domestique est trop insuffisant pour participer au financement de projets infrastructures.
Le renouveau indien
De son côté, l’Inde parvient à tirer son épingle du jeu grâce à un nouveau souffle politique. Réformateur et libéral. L’économie indienne, dont la croissance est attendue à7,5% cette année, profite des mesures structurelles du gouvernement de Narendra Modi visant à stimuler l’investissement et à améliorer le climat des affaires, tout en assurant la consolidation fiscale.
Cela s’est traduit par des mesures phares : relèvement du plafond des investissements directs étrangers, fin des subventions publiques à l’énergie qui représentaient un gouffre budgétaire pour l’Etat, tandis qu’une harmonisation fédérale de la TVA est en discussion. En conséquence la stabilité macroéconomique s’est améliorée : ledéficit fiscal du pays s’est redressé de -5,5% du PIB en 2012 à -3,5% en 2015, l’inflation a reculé de 10% à 5% et le déficit extérieur s’est rééquilibré de -5% du PIB à -1%.
En quinze ans, le dénominateur économique commun des BRIC s’est donc réduit. Si nous devions imaginer une nouvelle façon d’identifier ces pays – mettons de côté l’Afrique du Sud, dont la place au sein des BRICS tient plus à des considérations politiques qu’économiques – c’est peut-être l’expression « Big Four » qui l’emporterait aujourd’hui. En dépit de trajectoires différentes, la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde sont, en termes absolus, toujours les quatre plus grandes puissances économiques émergentes et partagent la volonté de se doter d’institutions internationales pour défendre leurs intérêts économiques sur la scène mondiale. Et elles ont encore en commun la taille importante de leurs populations, favorable au dynamisme de la demande intérieure et à de vastes classes moyennes.
A propos des auteurs : Claudia Bernasconi est économiste spécialiste des marchés émergents chez Swiss Life Asset Managers et Rishabh Tiwari est gérant du fonds Swiss Life Funds (LUX) - Bond Emerging Markets Corporates.
Cela s’est traduit par des mesures phares : relèvement du plafond des investissements directs étrangers, fin des subventions publiques à l’énergie qui représentaient un gouffre budgétaire pour l’Etat, tandis qu’une harmonisation fédérale de la TVA est en discussion. En conséquence la stabilité macroéconomique s’est améliorée : ledéficit fiscal du pays s’est redressé de -5,5% du PIB en 2012 à -3,5% en 2015, l’inflation a reculé de 10% à 5% et le déficit extérieur s’est rééquilibré de -5% du PIB à -1%.
En quinze ans, le dénominateur économique commun des BRIC s’est donc réduit. Si nous devions imaginer une nouvelle façon d’identifier ces pays – mettons de côté l’Afrique du Sud, dont la place au sein des BRICS tient plus à des considérations politiques qu’économiques – c’est peut-être l’expression « Big Four » qui l’emporterait aujourd’hui. En dépit de trajectoires différentes, la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde sont, en termes absolus, toujours les quatre plus grandes puissances économiques émergentes et partagent la volonté de se doter d’institutions internationales pour défendre leurs intérêts économiques sur la scène mondiale. Et elles ont encore en commun la taille importante de leurs populations, favorable au dynamisme de la demande intérieure et à de vastes classes moyennes.
A propos des auteurs : Claudia Bernasconi est économiste spécialiste des marchés émergents chez Swiss Life Asset Managers et Rishabh Tiwari est gérant du fonds Swiss Life Funds (LUX) - Bond Emerging Markets Corporates.