Un impact limité de la crise sanitaire
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Les effets de la crise sanitaire limitent à 0,4 % la hausse des dépenses de santé en 2020. En France, la consommation de soins de santé, particulièrement affectée par les effets de la crise sanitaire, augmente de 0,4 % (après +2,0 % en 2019 et +1,5 % en 2018). Il s’agit de la plus faible progression observée depuis 1950, première année disponible des comptes de la santé. La consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) s’élève à 209,2 milliards d’euros en 2020, soit 9,1 % du PIB. Cette dépense représente ainsi en moyenne 3 109 euros par habitant.
La croissance de la CSBM en 2020 est principalement portée par trois secteurs : les soins hospitaliers publics (qui contribuent à hauteur de +2,0 points à la croissance de la CSBM), les dépenses des laboratoires d’analyses (+0,8 point de contribution à la croissance) et les soins infirmiers (+0,4 point). Les dépenses de soins hospitaliers publics ont été tirées par la croissance de la rémunération des personnels (majoration des heures supplémentaires, versement de primes exceptionnelles, revalorisations dans le cadre des accords du Ségur de la santé), malgré une baisse prononcée du volume de soins, liées aux déprogrammations de soins lors de la 1ère vague épidémique. Les dépenses des laboratoires d’analyses ont bondi en 2020 (+37%), portées par les tests de dépistage de la Covid-19. Enfin, les soins infirmiers ont progressé de 7,2 % en 2020, après +3,4 % en 2019, stimulés par la demande de prélèvements nasopharyngés pour les dépistages antigéniques et PCR. La consommation baisse dans les autres secteurs du fait de la chute d’activité entrainée par les mesures sanitaires de restriction des déplacements. En particulier, les soins de ville hors laboratoires et soins infirmiers contribuent négativement à hauteur de -1,6 point à la croissance de la CSBM et les médicaments en ambulatoire à hauteur de -0,5 point.
La Sécurité sociale mise à forte contribution
La prise en charge des dépenses de santé par la Sécurité sociale augmente de 1,9 point entre 2019 et 2020 pour atteindre 79,8 %. La crise sanitaire a entrainé une recomposition importante de la structure de la consommation de soins et de biens médicaux et partant de son financement. Les dépenses supplémentaires engendrées par la crise sanitaire ont été majoritairement financées par la Sécurité sociale, notamment pour les soins hospitaliers publics. La prise en charge par la Sécurité sociale augmente ainsi de 1,9 point entre 2019 et 2020, pour atteindre 79,8 %.
À l’inverse, la part des dépenses financées par les organismes complémentaires (mutuelles, institutions de prévoyance et sociétés d’assurances) baisse à 12,3 % pour l’ensemble des dépenses de santé. Cette part était auparavant et depuis une dizaine d’années assez stable, autour de 13,4 %. Dans le contexte de crise sanitaire, les prestations servies par ces organismes ont baissé, notamment dans les postes de médecins et d’auxiliaires médicaux. La participation financière des ménages diminue fortement en 2020, pour atteindre 6,5 % de la CSBM (en baisse de 0,7 point), soit en moyenne près de 202 euros par habitant. Le mouvement tendanciel de baisse du reste à charge des ménages lié au vieillissement de la population s’est accentué cette année par la déformation de la structure des soins occasionnée par la crise sanitaire et les premiers effets de la réforme du « 100 % santé », mise en œuvre par étapes dans les secteurs de l’optique, des prothèses dentaires et des aides auditives.
Parmi les 28 pays de l’Union européenne, la France est celui où le reste à charge des ménages en santé est le plus faible. En France, la dépense de santé au sens international (DCSi) – qui recouvre la CSBM mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé – s’établit à 11,2 % du PIB en 2019 [1], soit 1,2 point de plus que la moyenne de l’UE 28. Depuis 2013, les dépenses de santé sont dynamiques au sein des pays de l’OCDE. Sur cette période, la France et l’Italie connaissent une hausse de leurs dépenses d’environ 2 % en moyenne par an. Celles-ci ont progressé d’environ 4 % par an en Allemagne et aux États-Unis.