Allemagne : les privatisations remises en question

20 Octobre 2008
Franck Stassi



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Pour le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, "les privatisations ont perdu leur aura de solution miracle aux problèmes de l’Etat". Ce constat sévère fait suite à la renationalisation annoncée de l’imprimerie nationale. Le gouvernement social-démocrate l’avait vendue en 2000 au fonds d’investissement britannique Apax. Ce dernier a revendu l’imprimerie entre-temps à un investisseur qui vient de mettre l’entreprise en vente.

Le repreneur de l’imprimerie nationale allemande sera donc l’Etat, pour plus de 800 millions d’euros alors qu’elle avait été vendue un milliard. Il s’agit, pour le ministère de l’Intérieur, de résoudre des problèmes liés à la confidentialité et à la sécurité nationale ; tandis que l’entreprise devrait assurer la fabrication des nouveaux passeports biométriques. Cette reprise en main "n’est pas un désastre", selon le ministère des Finances qui tente de minimiser l’affaire.

Les détracteurs du gouvernement profitent de cette annonce pour dénoncer le mouvement de privatisation et de mise en Bourse de monopoles nationaux en cours Outre-Rhin depuis de nombreuses années. Dans les années 1990, nombre de communes ont procédé à la vente de leurs opérateurs locaux d’électricité et de gaz, d’eau et de ramassage et traitement des ordures.


Une forte mobilisation des collectivités

Aujourd’hui, pour la porte-parole de la fédération des régies communales VKU Rosemarie Folle, "elles ne voient plus cela de manière aussi idéologique", privilégiant la solution la plus adéquate. Les conséquences financières sont au cœur de ces choix. Quelques municipalités ont fait part de leur souhait de réintégrer dans leur giron ces services.

La déconfiture boursière de l’opérateur télécom historique Deutsche Telekom, privatisé de manière progressive, vient s’ajouter à ce climat. Depuis sa première cotation en 1996, le titre a perdu plus d’un tiers de sa valeur. Mais ces remises en question n’entament pas la détermination du gouvernement à ouvrir le capital de l’opérateur ferroviaire Deutsche Bann. En octobre, 25 % de ce capital seront introduits en Bourse, mais l’opération ne concernera que les activités de transport. La mobilisation pour le maintien des stations les moins rentables a, pour l’instant, eu raison de l’ouverture du capital des pôles réseaux et gares.

Franck Stassi