L'âge n'est pas le seul critère
L’âge élevé et le sexe masculin sont des facteurs de risque bien connus de formes sévères, ce qui reflète en grande partie la distribution des comorbidités rendant vulnérables au Covid-19 dans la population (obésité, hypertension artérielle, diabète, maladies coronariennes, pathologies pulmonaires chroniques). L’apport de cette étude est de s’intéresser à d’autres facteurs de risque que le sexe et l’âge, grâce à l’appariement des données SI-VIC avec les données Fidéli qui fournissent des informations sur les autres caractéristiques socio-économiques des individus hospitalisés. Une modélisation statistique du risque d’hospitalisation met en évidence trois caractéristiques saillantes de la population hospitalisée.
La population hospitalisée réside dans des logements plus densément occupés et appartenant plus fréquemment au parc social
Les conditions de logement n’affectent cependant pas le risque de complication à l’hôpital, ce qui suggère qu’elles captent essentiellement un risque accru d’exposition au virus dans des espaces confinés où les contacts sont plus fréquents et les gestes barrières plus difficiles à mettre en place.
Un risque d’hospitalisation décroissant avec le niveau de vie
Les individus hospitalisés ont en moyenne un niveau de vie inférieur de 6 % au niveau de vie moyen de l’ensemble de la population et 57 % des individus hospitalisés ont un niveau de vie inférieur à la médiane. La surreprésentation des populations les plus modestes se retrouve au sein de chaque tranche d’âge, et est d’autant plus marquée que les individus hospitalisés sont jeunes. Cette surexposition des bas revenus reste marquée même lorsque l’on prend en compte les conditions de logements des individus (vivre dans un logement surpeuplé ou dans un logement social). Cet effet du revenu peut refléter des conditions de vie et de travail associées à un risque accru d’exposition au virus, ainsi qu’une présence plus fréquente de comorbidités chez les plus défavorisés.
Une population hospitalisée plus souvent née à l’étranger
La quatrième vague se distingue des vagues précédentes, ce qui pourrait traduire les effets des campagnes de vaccination
La quatrième vague de l’épidémie se distingue des vagues précédentes sur deux points. D’une part, l’âge influence de manière moins marquée le risque d’être hospitalisé : le risque d’hospitalisation des individus ayant entre 80 et 85 ans est (une fois contrôlé des autres caractéristiques socio-économiques disponibles) 5,7 fois plus élevé que celui des personnes ayant entre 35 et 40 ans lors de la quatrième vague, alors que ce même risque était 17,8 fois plus élevé lors de la première vague. D’autre part, le lien entre niveau de vie et risque d’hospitalisation est plus marqué : 63 % des individus hospitalisés lors de la quatrième vague ont un niveau de vie inférieur au niveau de vie médian contre 53 % lors de la première vague. Ces deux spécificités pourraient s’expliquer par la diffusion différente de la vaccination par âge et par niveau de vie.
La vaccination ayant été d’abord réservée aux plus âgés, ses effets protecteurs se traduiraient par un moindre risque d’hospitalisation dans cette population. Par ailleurs, d’autres travaux ont montré que le recours à la vaccination croît avec le niveau de vie, ce qui pourrait expliquer que les formes sévères de la quatrième vague aient davantage affecté les plus modestes, moins fréquemment vaccinés. L’interprétation de ces résultats est cependant délicate, étant donné que l’information sur la vaccination utilisée dans le cadre de cette étude n’est pas individuelle.
Le risque de décéder à l’hôpital reste légèrement moins élevé chez les personnes aux plus hauts revenus
En revanche, cet effet ne se retrouve pas chez les 75 ans ou plus. Il est possible que la distribution inégale des comorbidités selon le niveau de vie soit particulièrement manifeste chez les plus jeunes, dont la santé peut être dégradée du fait de conditions de vie ou de travail défavorables.