Chronique : Il faut arrêter les éoliennes marines

30 Septembre 2010



La presse nous apprend que le ministère du développement durable est sur le point d’engager 10 milliards d’euros pour l’installation d’éoliennes marines. L’Institut Montaigne a fait une étude sur l’énergie éolienne qui a montré les inconvénients de cette forme d’énergie : elle est notamment irrégulière, coûteuse et déstabilisante pour le réseau. Elle crée une nuisance environnementale. Cette étude a eu un certain impact sur les parlementaires, qui ont adopté des mesures administratives qui freinent l’installation des éoliennes terrestres. Mais le ministre d’Etat JL Borloo a trouvé la parade : il installera des éoliennes marines, pour lesquelles il a les mains libres.

L’éolien est environ 15 fois plus cher que le nucléaire

Le projet est d’installer 600 éoliennes marines, ayant une puissance installée de 3000 MW pour un coût de 10 milliards d'euros, avec un objectif double en 2020, soit 6000 MW. Il est précisé que ces éoliennes représenteront 6 centrales nucléaires de 1000 MW, une inexactitude habituelle chez ceux qui n’hésitent pas à maquiller la vérité pour faire valoir leurs vues. Car une telle comparaison oublie que les éoliennes ne fonctionnent à puissance nominale que 20% du temps, contre 85% pour le nucléaire. De sorte que ces 600 éoliennes représentent une puissance nucléaire équivalente de 706 MW, ou 44% d’une centrale nucléaire type EPR de 1600 MW, qui coûte 4 milliards d'euros, soit un coût nucléaire équivalent de 1,76 Md €, 6 fois moins que l’éolien. Et si l’on tient compte des durées de vie (20 ans pour une éolienne marine, contre 60 ans pour un EPR), l’éolien est environ 15 fois plus cher que le nucléaire.

70 % du temps, l’éolien ne produit pas

Les énergies irrégulières sont une source d’instabilité pour le réseau. Lorsque, par exemple, il y a une saute de vent à la baisse, il faut qu’immédiatement la puissance des autres sources du réseau augmente, sous peine d’une disjonction générale. Une telle augmentation quasi-instantanée est possible, mais dans une faible proportion, pour les centrales hydrauliques. En fait, on compte alors sur les turbines à gaz pour rétablir l’équilibre. C’est dire que l’installation de sources éoliennes ou photovoltaïques nécessite de consommer du gaz : le cordon avec les énergies fossiles ne peut être rompu. Et ceci d’autant moins que pendant les 70 % du temps où éolien et photovoltaïque ne produisent pas, d’autres sources, nucléaire ou carbone fossile, doivent assurer seules la fourniture d’énergie électrique.

Autre inconvénient majeur de l’éolien : c'est pendant les vagues de froid ou de chaud qu'on a le plus besoin d'électricité, et que l'éolien fait défaut: ces temps calmes correspondent à des anticyclones, quand le vent est faible ou nul. Les producteurs allemands s’en plaignent, tel RWE (2ème producteur du pays) : "Not only is wind volatile, but most of the time it is not there when it is urgently needed…" RWE – Power Generation in Europe – Facts & Trends | December 2009.

Une économie infine

Rien ne peut justifier de gaspiller actuellement en pure perte 8 milliards d’euros (plus de 15 milliards actualisés sur 60 ans, et le double si l’on installe 1200 éoliennes), auxquels s’ajoutera le coût des turbines à gaz. Cette énergie éolienne ne fera économiser aucun investissement en génération classique d’électricité, qui doit prendre le relais quand il n’y a pas de vent.

Elle devra être payée au producteur 8 cme €/kWh, alors qu’elle ne permettra en contrepartie qu’une économie infime de 0,15 centimes d'euros par kWh du combustible nucléaire. C’est une solution aberrante, que seule la volonté de décroissance de la France peut expliquer. EDF connait parfaitement la question des énergies éolienne et photovoltaïque, mais doit se taire. Sommes-nous toujours en République ?

Yves Garipuy est ingénieur et économiste spécialisé en énergie. Il tient un blog qui traite de problématiques énergétiques.