Une chute sans précédent des intentions de départs aux vacances de Noël
Après avoir été prévenus que leurs congés de fin d'année ne seraient pas des "vacances de Noël comme les autres" (Emmanuel Macron, 24 novembre), quelle va être l'ampleur des déplacements des Français cette année ?
- Bien que les Français aient théoriquement le droit de se déplacer où ils veulent à partir de mi-décembre, cette enquête montre qu'ils sont loin d'envisager d'en profiter autant que l'an dernier : à peine un Français sur dix (11%) a l'intention de partir pendant les congés de fin d'année, soit deux fois moins qu'en 2019 (24%).
- Au regard des intentions de départ observées les années précédentes - oscillant entre 20 à 25% pour la population métropolitaine (source : baromètre Mondial assistance) -, la saison Noël 2020 s'annonce ainsi comme la pire des dix dernières années en terme de fréquentation touristique.
LES INTENTIONS DE DÉPART EN VACANCES À NOËL
- Evolution par rapport à 2019 -
Le point de vue de François Kraus de de l'Ifop : L'explosion des ventes consécutive au discours présidentiel du 24 novembre (ex : + 400% des ventes de billets de train SNCF en 24h) se doit d'être relativisée... Le nombre historiquement bas de Français envisageant de partir en vacances cette années, notamment dans les catégories de la population les plus exposées au virus comme les personnes âgées (4%, contre 18% des jeunes), montre que la prudence est globalement de mise dans un contexte où l'offre touristique limitée en France (ex : fermeture des remontées mécaniques dans les stations de haute montagne) comme à l'étranger (ex : fermeture des stations dans certains pays, test PCR exigés à l'aller, quarantaine imposée au retour...) ne les incite pas particulièrement à se déplacer.
Des fêtes de Noël qui s'annoncent en beaucoup plus petit comité que l'an dernier
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Une limitation du nombre de participants aux réunions de famille soutenue assez mollement par l'opinion
- Si le Premier ministre a annoncé que "des recommandations concrètes" seraient émises sur le sujet avant les vacances, force est de constater que l'opinion approuverait sans grand enthousiasme une telle mesure (à 62%) : l'opposition à une limitation du nombre de participants à ces réunions de famille de Noël restant importante (38%), notamment chez les jeunes (44% chez les moins de 35 ans) et les catégories populaires (42% des ouvriers).
- Certes, si une telle règle était édictée, elle serait appliquée par une large majorité de Français (77%) mais elle n'en rencontrait pas moins des réticences si l'on en juge par le nombre de personnes qui annoncent qu'elles ne la respecteraient pas : 23% en moyenne, ce refus étant particulièrement répandu chez les jeunes (36%) et les personnes envisageant d'être à plus de quatre à Noël (32%).
Un Français sur dix sera seul cette année à Noël, un effet collatéral des appels à réduire le nombre de convives...
Au regard des résultats de cette étude, les invitations à la prudence émises par l'exécutif semblent avoir eu un certain impact si l'on en juge par le nombre limité de convives envisagés pour l'heure par les Français aux fêtes de Noël :
- En moyenne, les Français envisagent de passer les fêtes de Noël 2020 à 5 personnes (adultes), soit un nombre de convives quasiment deux fois plus faible que l'an dernier (où la moyenne était d'environ 9 adultes par foyer). Cette chute du nombre moyen d'adultes par foyer s'explique par une baisse du nombre de grandes tablées - à peine 10% des Français prévoient d'être plus de 10 à table, contre 33% l'an dernier - mais aussi par une hausse inquiétante du nombre de Français qui passeront l'ensemble de ces fêtes seuls : 10% cette année, contre 6% l'an dernier.
- Cet effet collatéral de la crise du Covid se ressentira tout particulièrement à l'occasion du réveillon du 24 décembre au soir où le nombre de Français qui devraient le passer seuls sera deux fois élevée cette année (10%) que l'an dernier (4% en 2019). Or, la solitude qui sera vécue à ce moment-là va affecter des publics souvent déjà très isolés socialement comme les seniors (16% des personnes âgées de plus de 65 ans), les Français qui ont vécu le reconfinement seuls (30%) ou les catégories les plus pauvres de la population : 15% des Français ayant un niveau de vie par individu inférieur à 900 € nets par mois passeront ce réveillon seuls, contre à peine 5% des plus riches (au niveau de vie par individu supérieur à 2500 € nets par mois).
Le point de vue de François Kraus de de l'Ifop : Si les invitations à la prudence semblent plutôt bien suivies, force est de constater qu'elles ne seront pas sans effets collatéraux notamment sur le degré d'isolement de personnes âgées dont le moral a déjà très éprouvé cette année. Par ailleurs, la réduction du nombre de convives par foyer n'empêchera pas la constitution probable d'une myriade de « cluster familiaux » chez les nombreux Français (50%) qui annoncent qu'ils passeront ces fêtes avec des personnes vivant actuellement dans d'autres foyers. Quel que soit le nombre de participants à ces réunions, l'enjeu est donc de savoir si les Français respecteront bien les gestes barrières et autres recommandations visant à limiter les risques de transmissions entre convives.
Les Français se préparent à vivre un Noël atypique en faisant plutôt preuve de prudence
- En effet, la plupart d'entre eux annoncent qu'ils vont se laver les mains avant tout repas (94%), aérer les pièces plusieurs fois par jours (87%) ou encore ne pas faire la bise aux proches issues d'autres foyers (80%). En revanche, ils seraient beaucoup moins nombreux à suivre certaines recommandations impliquant des contraintes plus lourdes : à peine un Français sur quatre envisagent faire un test COVID-19 avant de voir leurs proches (26%) et ils sont moins de la moitié (40%) à s'engager à porter un masque au sein du foyer en dehors des repas.
Face aux seniors identifiés comme les principales victimes du virus, la prudence semble de mise même si elle prend la forme de deux stratégies bien distinctes.
- La première consiste en une stratégie d'évitement du risque (avec les conséquences que cela entraine en terme d'isolement) : près de la moitié des Français voyant généralement des seniors lors des fêtes de fin d'année déclarent qu'ils ne verront pas des personnes âgées de plus de 65 ans cette année (44%).
- L'autre stratégie consiste à respecter attentivement certaines consignes comme le fait d'éviter tout contact physique entre les seniors et les autres convives (80%). En revanche, l'idée avancée par le professeur Rémi Salomon (commission médicale d'établissement de l'AP-HP) de faire des tables séparées entre les personnes âgées et les autres convives ne sera suivie que par une minorité des personnes concernées (24%).
Étude Ifop pour Odéro réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 25 au 26 novembre 2020 auprès d'un échantillon de 1549 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine. »