L’hypothèse d’une hausse soutenue des taux obligataires impose un nouveau défi. Alors que le fameux Bobl, l’emprunt d’état allemand à 5 ans, pourrait ne plus jouer son rôle de couverture du portefeuille, la préservation du capital passe par une gestion obligataire plus dynamique.
Un environnement monétaire en voie de normalisation aux États-Unis
L’exercice n’est pas simple. Le traditionnel jeu de couverture qui consiste généralement à utiliser le fameux contrat future Bobl allemand (emprunt d’état à 5 ans) comme outil de protection, capable de compenser les éventuelles inefficiences des autres positions obligataires du portefeuille, pourrait ne plus faire effet. En cas de remontée vigoureuse des taux dans les prochains mois, entrainée par le resserrement graduel des conditions monétaires aux États-Unis, mais surtout, c’est un risque à ne pas négliger, par la résurgence d’une crise de confiance liée à la dégradation de certaines dettes souveraines européennes, nous assisterons à un repli mécanique sur les taux souverains allemands. Un nouveau reflexe de « flight to quality » alimenterait alors l’élargissement significatif des spreads, avec d’un côté, une tension sur l’ensemble des taux longs obligataires, et de l’autre, un repli sur le Bund et plus encore le Bobl allemands, ultimes actifs refuges. Résultat, le rendement des obligations allemandes à 5 ans en retrouvant des niveaux historiquement bas annihilerait toute protection du portefeuille.
Quelles alternatives pour amortir les risques ?
Il s’agit surtout d’accentuer la rotation des titres. Plus question de porter les obligations jusqu’à leur échéance (un catalyseur négatif en contexte de taux haussiers), il faut au contraire faire « tourner les papiers » pour se positionner constamment dans la partie de la courbe des taux, mais aussi celle de la courbe des spreads, qui recèle le plus de valeur « protégée ». Cette sélectivité se traduit notamment par la comparaison des différentes souches obligataires de maturité assez proche proposées par un émetteur, ce qui permet de capter les éventuelles marches de rendement existantes entre deux titres dont le profil est a priori quasiment similaire. De fait, ces dispositions vont sans conteste appeler une certaine reconfiguration des portefeuilles patrimoniaux. La protection du capital passe plus que jamais par une approche dynamique de l’allocation obligataire. Prudence n’est pas synonyme d’immobilisme !
A propos de l'auteur : Philippe Douillet est gérant des fonds HiXANCE Patrimoine et HiXANCE Oblig 1-3 chez HiXANCE AM.