L’illusion de la taxe carbone

6 Avril 2010



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Mardi dernier, François Fillon annonçait publiquement l’annulation de la taxe carbone. Cette décision avait semé la confusion au sein de la majorité. Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, avait condamné publiquement la non mise en place de la taxe carbone en France. Nicolas Sarkozy n’a pas tardé à remettre de l’ordre au sein de la majorité. "Je n’ai pas apprécié ces propos" n’a pas hésité à déclarer le président français.

"J'ajoute que les ministres n'ont pas à être désespérés, ils ont à faire leur travail. Il y a une stratégie, elle a été fixée par François Fillon et par moi-même, que chacun s'y tienne", a martelé le président. Pourtant, on a du mal à voir un semblant de stratégie dans les décisions du gouvernement français quand il s’agit de la taxe carbone.

Dans un discours prononcé le 10 septembre 2009 à Artemare (Ain), Nicolas Sarkozy affirmait que la taxe carbone était une "question d’honnêteté". Il était pour la mise en place d’une taxe "progressive". "J’ai parfaitement conscience que l’introduction d’une nouvelle fiscalité, fût-elle écologique, suscite des inquiétudes" expliquait-il.

L’Europe : un bouc émissaire bien choisi

Aujourd’hui, la position du gouvernement Sarkozy a complètement changé. Après l’échec des élections régionales, il ne veut pas se mettre à dos les agriculteurs et les Petites et moyennes entreprises (PME), acteurs les plus touchés par la mise en place d’une taxe carbone.

Pour garder la tête haute, Nicolas Sarkozy préfère botter en touche et prétexte que la taxe carbone ne sera pas efficace si elle n’est pas mise au niveau européen. Argument fondé mais qui l’était tout aussi bien il y a un an lorsque le président défendait bec et ongles cette mesure.

D’autant plus que se cacher derrière l’Europe revient simplement à annuler ce projet. Ou du moins le repousser d’au moins deux bonnes années. La Commission européenne a d’ailleurs déjà fait part de son scepticisme sur une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne. Dans un document publié aujourd’hui, elle estime que cette mesure présente "un nombre considérable d'inconvénients".

Selon la Commission européenne, ce type de taxe pourrait non seulement créer des inquiétudes concernant leur compatibilité avec les règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), leur faisabilité et leurs coûts administratifs potentiels. De plus, cela pourrait également mener à des conflits commerciaux et à de possibles mesures de représailles. Une situation que l’Union européenne aurait bien du mal à gérer.