La dette française n’est pas une fatalité

15 Novembre 2011
Denis Garnier



À ce jour, la dette française s’élève à 1 650 Milliards dont 1 400 milliards représentent le cumul des intérêts payés. En 2012, les dépenses totales de l’État s'élèveront à 366 milliards d'euros, et les recettes fiscales nettes à 273 milliards, soit un déficit de 93 milliards d’euros.

50 milliards d’euros d’intérêt tous les ans

Dans ces 366 milliards d’euros de dépenses figurent 50 milliards d’euros qui représentent les seuls intérêts de la dette à payer tous les ans - 1er poste de dépense de l’État, plus important que les dépenses de l’éducation nationale. Sans ces intérêts le déficit n’aurait été que de 43 milliards !

Sur l’ensemble des années 1980 à 2008 les soldes primaires des budgets des administrations publiques furent, en moyenne, équilibrés. Les années 2009 et 2010 font figure d’exception.

Remettre en cause le système

Si l’on reste dans ce système dans lequel la dette alimente la dette, dans lequel les États se font siphonner par les « banquiers », les fonds de pension et les assurances vie, il n’y a aucune issue si ce n’est celle de revenir à la structure de l’époque prérévolutionnaire de 1789. Les seigneurs ont seulement changé l’étendue de leurs territoires. Les États seront purement et simplement privatisés, le monde du travail sera le tiers États et le pouvoir politique remplira le rôle du clergé bienveillant. Cela durera jusqu’au sanglant réveil.

Si l’on remet en cause le système, c'est-à-dire si les États retrouvent leur faculté d’emprunter sans intérêt auprès de leur banque centrale, s’ils retrouvent la maîtrise de leur économie, alors il faut revisiter l’économie avec une source d’espérance pour les peuples.

Deux scénarios sont possibles :

1. La dette est intégralement remboursée : Dans ce cas, et pour éviter tout risque de forte inflation, l’État devra monétiser progressivement les 1 600 milliards de dettes. Un échelonnement de 30 ans à 50 ans est dans ce cas nécessaire. Il ne coûtera pas plus cher que les sommes aujourd’hui versées pour payer les seuls intérêts de la dette avec l’avantage, dans ce cas, de rembourser aussi le capital ce qui n’est pas la situation actuelle. Le problème de la maîtrise du déficit restera entier. Il faudra augmenter les recettes et réduire les dépenses non productives.

2. La dette est estimée comme impropre, c’est à dire, que l’État considère qu’il a déjà payé les intérêts. (tous les ans en France ce sont près de 50 milliards). Quant au capital, il n’existe pas puisqu’il est créé par l’emprunt qui disparaît. Dans ce cas la dette doit faire l’objet d’une révision totale ou partielle (comme en Grèce). En France des 1 600 milliards il ne resterait à rembourser au maximum que 200 milliards. Cela change tout. Dans cette nouvelle configuration, l’ État récupère immédiatement 50 milliards d’Euros par an. Le déficit annuel est ainsi ramené de 90 milliards à 40 milliards et surtout, la France retrouve sa capacité d’emprunt pour investir et relancer l’économie.

La maîtrise du volume d’argent en circulation dans l’économie

Mais ces mesures ne règlent que la dette actuelle sans remettre en cause le système qui la génère. Certains parlent de séparer les banques de dépôts, banques de prêts et banques d’affaires. C’est une bonne idée qui nécessite toutefois de traiter aussi de la création monétaire. C'est-à-dire la maîtrise du volume d’argent en circulation dans l’économie. C’est tout le débat entre l’économie réelle, celle qui sert les États, les citoyens et les entreprises et l’économie que j’appellerai financière qui est l’œuvre du monde de la spéculation. Plus le volume de la monnaie s’éloigne d’une contrepartie réelle, plus le système devient bancal et risqué. C’est la crise actuelle.

Plusieurs écoles s’affrontent pour trouver les bonnes solutions. Parmi elles, j’ai noté celle de 100 % monnaie ! Elle consiste en un transfert de la création monétaire depuis les banques privées vers la banque centrale, en imposant aux banques commerciales des réserves de 100 % des dépôts monétaires.

"L’augmentation de la masse monétaire ne pourrait plus avoir lieu comme actuellement par des émissions de nouveaux crédits des banques commerciales, mais seulement par une émission monétaire de la Banque centrale". Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez-ici. C’est la reprise en main de l’économie par les États.

Faire baisser le poids de la dette

Traitant du sujet de la Grèce par exemple, Jacques Sapir, économiste, estime sur Marianne que "Georges Papandréou aurait pu parfaitement prendre la décision de réquisitionner temporairement la Banque centrale de Grèce (pour une période d’un an) et lui faire émettre pour 360 milliards d’euros (le montant de la dette publique grecque) d’avances au Trésor public à un taux de 0,5%.

Avec cet argent, il pouvait alors racheter la dette entre les mains des détenteurs grecs et non-résidents. Le fardeau des intérêts de cette dette - qui représente aujourd’hui environ 7,5 % du PIB - aurait ainsi été ramené à 0,75 %, contribuant à faire baisser de manière substantielle le déficit budgétaire.
" Ce peut-être une autre solution.

L’économie doit revenir au simple bon sens

C’est absurde diront tous les économistes orthodoxes ! C’est ce qu’il faut faire diront les hétérodoxes ! L’entre-deux existe-t-il en économie ? À ce jour il est pour le moins évident que le système arrive à bout de souffle et qu’il conduit à de graves conséquences pour les populations et le monde du travail, comme j’en parle dans mon livre « Libérez-vous ! De l’économie contre le travail ».

L’économie devrait revenir au simple bon sens. Quel est son but ? N’est-il pas d’organiser le développement d’une société équilibrée au centre de laquelle l’homme devient une ambition ? Qui doit organiser la cité ? Qui peut permettre de veiller aux intérêts collectifs sans oublier personne ? Là est la question !

Denis Garnier