La grande rotation est la situation dans laquelle les investisseurs qui anticipent une remontée des taux d'intérêt à long terme, sortent massivement des obligations et renforcent leurs positions en actions. Ces vingt dernières années, les actions ont connu des performances contrastées avec deux chocs majeurs en 2000 et 2008. Dans le même temps la sphère obligataire a généré des gains relativement réguliers et important grâce à la baisse quasi ininterrompue des taux d'intérêt (sous l’effet des politiques monétaires ultra accommodantes de la part des principaux pays développés).
Mouvements de flux entre classes d’actifs
Depuis le début de l’été, les mouvements de flux entre classes d’actifs ainsi que la remontée des taux d’intérêt montrent que la grande rotation, attendue depuis plusieurs années, est en marche. Entre le 08.07.2016 (point bas des taux d’intérêt dans les pays développés) et le 25.11.2016, le taux 10 ans aux Etats-Unis est ainsi passé de 1.36% à 2.36% et le taux Allemand de -0.19% à 0.25%. Nous nous trouvons donc au début d'une période de remontée des taux d'intérêt à long terme aux Etats-Unis, avec le redressement de l'inflation et la sortie des politiques monétaires expansionnistes. En zone Euro, même si les taux d’intérêt ont une corrélation forte avec ceux outre-Atlantique, le mouvement sera plus lent, car la BCE pratique toujours une politique monétaire très accommodante.
La perspective d'une politique de relance budgétaire (anticipation d’inflation en hausse) par le nouveau président élu aux Etats-Unis a accentué le mouvement de hausse généralisée des taux longs déjà amorcé par le redressement des cours des matières premières et les attentes d'une poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine (deux hausses de taux anticipées par les consensus des économistes en 2017 puis trois en 2018). Ce mouvement s'est soldé par une contraction de près de 2.000 milliards de dollars de la capitalisation obligataire mondiale et un début d'arbitrage des placements en obligations vers les actions.
La perspective d'une politique de relance budgétaire (anticipation d’inflation en hausse) par le nouveau président élu aux Etats-Unis a accentué le mouvement de hausse généralisée des taux longs déjà amorcé par le redressement des cours des matières premières et les attentes d'une poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine (deux hausses de taux anticipées par les consensus des économistes en 2017 puis trois en 2018). Ce mouvement s'est soldé par une contraction de près de 2.000 milliards de dollars de la capitalisation obligataire mondiale et un début d'arbitrage des placements en obligations vers les actions.
Une poursuite de la remontée des taux longs
Les fonds collectifs investis en obligations ont ainsi enregistré leurs rachats nets les plus importants depuis trois ans et demi tandis que les fonds actions bénéficiaient de leur collecte nette la plus élevée en deux ans sur la semaine au 16 novembre, selon des données d'EPFR Global, société de recherche spécialisée dans le suivi des flux de souscription des grandes sociétés de gestion internationales.
Le point bas des taux atteint en juillet a donc bien coïncidé avec un début de retour des flux en faveur des actions. Une poursuite de la remontée des taux longs devrait ainsi concorder avec celle des arbitrages en faveur des actions au détriment des obligations. Par ailleurs, l'ampleur des souscriptions sur les fonds obligataires (à l’opposé des rachats sur les fonds actions) depuis le début de cette année donne la mesure de la grande rotation potentielle à venir.
Le point bas des taux atteint en juillet a donc bien coïncidé avec un début de retour des flux en faveur des actions. Une poursuite de la remontée des taux longs devrait ainsi concorder avec celle des arbitrages en faveur des actions au détriment des obligations. Par ailleurs, l'ampleur des souscriptions sur les fonds obligataires (à l’opposé des rachats sur les fonds actions) depuis le début de cette année donne la mesure de la grande rotation potentielle à venir.
Un ralentissement du quantitative easing au cours de 2017
En zone euro, le problème reste plus complexe qu’aux Etats-Unis. D’un côté, la BCE doit tenir compte du début de la hausse de l’inflation dans la zone et également de la nécessité de redonner de l’oxygène aux banques européennes (la hausse des taux permettrait de redresser de la profitabilité) qui demeure un secteur toujours sensible en Europe. Ces deux points plaident pour un ralentissement du quantitative easing au cours de 2017 (et donc d’une hausse des taux progressive). De l’autre côté, le risque politique reste finalement le meilleur allié des obligations. Les investisseurs réagissent beaucoup aux sujets politiques et institutionnels dans la zone euro.
Or, la crédibilité de la zone euro a subi tellement de chocs ces dernières années que les investisseurs ont du mal à la voir de nouveau la zone euro comme une terre d'investissement. Néanmoins, nous pensons que la grande rotation qui s’opère aux Etats-Unis aura, par corrélation, des impacts également sur les autres pays développés. Les actions pourraient donc retrouver des couleurs (y compris en Europe, avec des valorisations bien plus attractives qu’aux Etats-Unis) en 2017. C’est notre conviction.
A propos de l'auteur : Laurent Gaetani est directeur général de Degroof Petercam Gestion.
Or, la crédibilité de la zone euro a subi tellement de chocs ces dernières années que les investisseurs ont du mal à la voir de nouveau la zone euro comme une terre d'investissement. Néanmoins, nous pensons que la grande rotation qui s’opère aux Etats-Unis aura, par corrélation, des impacts également sur les autres pays développés. Les actions pourraient donc retrouver des couleurs (y compris en Europe, avec des valorisations bien plus attractives qu’aux Etats-Unis) en 2017. C’est notre conviction.
A propos de l'auteur : Laurent Gaetani est directeur général de Degroof Petercam Gestion.