Le Portugal : prochaine victime du virus "dette" ?

25 Mars 2010



Hier après-midi, la dégradation de la notation de la dette portugaise de 'AA' à 'AA-' par Fitch a sonné comme un coup de tonnerre. Bien que cette nouvelle ne soit pas réellement une surprise, elle a fait l’effet d’une bombe. Les craintes sur une contamination du cas grec à l’ensemble des pays européens en difficulté deviennent plus persistantes. Le pays fait partie du groupe de pays européens aux déficits les plus prononcés, surnommés "PIGS" (cochons) par les anglo-saxons, aux côtés de l'Irlande, de la Grèce et de l'Espagne.

Pour tenter de calmer les esprits, le gouvernement portugais tente de prendre les choses en main. "Dans la situation actuelle de nervosité et volatilité des marchés financiers internationaux (...), il est fondamental que le Portugal démontre un ferme engagement politique dans la mise en œuvre du programme de stabilité et de croissance, en vue de redresser les comptes publics et réduire le déficit extérieur par une récupération de la compétitivité", a déclaré le ministère des Finances portugais, Fernando Teixeira dos Santos, dans un communiqué.

Respecter le pacte de stabilité européen d’ici 2013

Le programme de stabilité et de croissance, que le Portugal doit remettre dans les prochains jours à Bruxelles, devrait permettre de revenir, d'ici 2013, dans les standards établis par le pacte de stabilité européen. Le Portugal devra ramener son déficit public à moins de 3 % du Produit intérieur brut (PIB) , contre 9,3 % en 2009, et sa dette publique à moins de 60 % du PIB, contre 91 % en 2009.

Ce programme est axé sur une forte réduction de la dépense publique. Ce dernier prévoit le gel des salaires des fonctionnaires, une diminution des aides sociales et un vaste plan de privatisations. Il a d’ailleurs reçu un premier accueil favorable tant des instances européennes que du Fonds monétaire international (FMI).

L’avenir de l’Europe se jouera au parlement portugais

Pas sûr que cela suffise à convaincre les marchés. D’autant plus que le gouvernement socialiste au pouvoir est minoritaire au parlement. Ce qui pourrait compliquer la mise en place du programme de stabilité. "Actuellement ce qui inquiète les observateurs internationaux, et en particulier les agences de notation financière, ce n'est pas l'ensemble des mesures du Programme de stabilité et croissance, mais le cadre politique dans lequel il s'inscrit", a expliqué le ministre des Finances devant une commission parlementaire.

Le PEC doit être débattu aujourd’hui au parlement où il fera l'objet d'une résolution de soutien proposée par le groupe parlementaire socialiste, minoritaire avec 97 députés sur 230. La gauche anti-libérale (31 élus) a déjà annoncé qu'elle rejetait ce programme.

De son côté, la droite (102 députés), qui avait accepté de s'abstenir sur le budget 2010 au nom de l'intérêt national, n'a toujours pas annoncé sa position, critiquant notamment des augmentations d'impôts par la suppression de bénéfices fiscaux.