Tandis que les négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs débutent en France et qu'Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, s'est engagé à commander une étude sur la répartition de la valeur ajoutée dans les filières, un nouveau rapport d'enquête pointe du doigt l'impact trop souvent néfaste de la puissance d'achat et des pratiques commerciales des supermarchés européens sur les petit-e-s producteurs-rices de bananes et les travailleurs-ses agricoles des plantations.
La chaîne d'approvisionnement de la banane symbolise l'injustice du commerce international
Le rapport "Banana value chains in Europe and the consequences of Unfair Trading Practices", réalisé par les membres de la campagne internationale "Le Juste Fruit" dont Peuples Solidaires-ActionAid France, révèle les conditions de travail indécentes des travailleurs-ses et les petite-e-s agriculteurs-rices des chaînes d'approvisionnement de la banane : exposé-e-s à des produits phytosanitaires toxiques, ils-elles gagnent des salaires trop bas pour vivre dignement et travaillent dans la peur. Le rapport démontre que les supermarchés européens, et notamment français, entretiennent cette situation au travers de pratiques commerciales déloyales. Ce rapport est fondé sur des entretiens avec plus de 60 acteurs de l'industrie de la banane dans plusieurs pays d'Amérique latine et sur une enquête conduite au Costa Rica en août 2015.
La chaîne d'approvisionnement de la banane symbolise l'injustice du commerce international. Lorsqu'en 2001 les prix de la banane chutaient de 25%, les distributeurs augmentaient leurs marges de 40%. A la même période, les pays producteurs connaissaient une augmentation significative du coût de la vie (nourriture, santé, éducation...) : + 278% par exemple en République Dominicaine. « En France, le distributeur touche 56,4% de la valeur d'une banane en provenance du Cameroun alors que les travailleurs-ses touchent en seulement 4,4%. Cette répartition inéquitable de la valeur ajoutée ne permet certainement pas de garantir aux travailleurs-ses un salaire minimum vital et des conditions de travail décentes à l'aune des standards de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) » affirme Ingrid Aymes, chargée de campagnes chez Peuples Solidaires ActionAid France.
La chaîne d'approvisionnement de la banane symbolise l'injustice du commerce international. Lorsqu'en 2001 les prix de la banane chutaient de 25%, les distributeurs augmentaient leurs marges de 40%. A la même période, les pays producteurs connaissaient une augmentation significative du coût de la vie (nourriture, santé, éducation...) : + 278% par exemple en République Dominicaine. « En France, le distributeur touche 56,4% de la valeur d'une banane en provenance du Cameroun alors que les travailleurs-ses touchent en seulement 4,4%. Cette répartition inéquitable de la valeur ajoutée ne permet certainement pas de garantir aux travailleurs-ses un salaire minimum vital et des conditions de travail décentes à l'aune des standards de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) » affirme Ingrid Aymes, chargée de campagnes chez Peuples Solidaires ActionAid France.
Six chaînes de supermarchés dominent 89 % du marché
"La répartition du pouvoir dans les filières banane est très inégale. Les pratiques commerciales déloyales des supermarchés sont légion. Et ce n'est pas sans conséquence" atteste Florence Sonntag, de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable. "Salaires low cost, journées interminables, discrimination femmes-hommes, violation des droits humains : voilà le vrai coût des bananes à bas prix". Pendant des décennies, une poignée d'entreprises multinationales dominait le marché mondial de la banane. Ce pouvoir est désormais entre les mains des supermarchés. La concentration du marché européen de la distribution augmente rapidement : en France, six chaînes de supermarchés dominent, seules, 89 % du marché (Carrefour, Intermarché, Auchan, Casino, Système U et E. Leclerc).
Cela ne s'arrête pas là : les distributeurs sont dans une phase de rapprochement de leurs centrales d'achat, pour gagner encore davantage de pouvoir de négociation. « Prix trop bas qui ne couvrent pas les coûts de production et ne rémunèrent pas les producteurs, prix trop instables qui ne leur permettent pas de prévoir et d'investir, pratiques commerciales déloyales des industriels et distributeurs,... la politique de bas prix des supermarchés n'est profitable ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs » affirme Emilie Sarrazin-Biteye du mouvement FAIR[e] un monde équitable. En France, le prix des bananes à la consommation est plus élevé que sur les autres marchés des Etats membres de l'Union européenne.
Cela ne s'arrête pas là : les distributeurs sont dans une phase de rapprochement de leurs centrales d'achat, pour gagner encore davantage de pouvoir de négociation. « Prix trop bas qui ne couvrent pas les coûts de production et ne rémunèrent pas les producteurs, prix trop instables qui ne leur permettent pas de prévoir et d'investir, pratiques commerciales déloyales des industriels et distributeurs,... la politique de bas prix des supermarchés n'est profitable ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs » affirme Emilie Sarrazin-Biteye du mouvement FAIR[e] un monde équitable. En France, le prix des bananes à la consommation est plus élevé que sur les autres marchés des Etats membres de l'Union européenne.
Des contrats annuels
Toutefois, les supermarchés français ont de plus en plus recours à des contrats annuels pour s'approvisionner, avec des clauses léonines leur permettant d'avoir recours à des pratiques commerciales abusives : ruptures contractuelles ou encore refus de livraison fondés sur des motifs insuffisants. L'Union européenne a reconnu le problème des pratiques commerciales déloyales. Elle envisage de mieux réguler ces pratiques d'achat. « Une fenêtre d'opportunité est actuellement ouverte dans le processus législatif européen pour réguler les pratiques commerciales déloyales dans les chaînes d'approvisionnement alimentaires », explique Sergi Corbalán, directeur exécutif du Fair Trade Advocacy Office (FTAO). Plus de 60 000 citoyen-ne-s européen-ne-s ont signé une pétition pour demander à la Commissaire européenne en charge du Marché intérieur Elbieta Biekowska de réguler ces pratiques.
Car les solutions existent, comme le démontre par exemple les produits issus du commerce équitable, qui permettent une meilleure répartition de la valeur ajoutée et de pouvoir dans les filières, en faveur des producteurs et des travailleurs agricoles. « Le mouvement du commerce équitable rassemble des consommateurs engagés, des entreprises de toute taille, des organisations de producteurs et des associations citoyennes qui proposent une alternative concrète et réclament plus d'équité dans le commerce international », précise Emilie Sarrazin-Biteye.