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La crise actuelle sera-t-elle l'occasion d'un retour de l'État social tel que nous l'avions connu dans les années 50/80 ? Beaucoup l'évoquent, le souhaitent ou le redoutent en commentant quelques décisions récentes ("nationalisation" des banques d'affaires, lutte (surtout verbale) contre les paradis fiscaux, bronca générale contre les bonus des managers du secteur de la finance...) Nous serions à l'aube d'un renversement de la vague néolibérale qui a débuté aux États-Unis et au Royaume-Uni à la fin des années soixante dix.
En réalité, les politiques économiques envisagées aussi bien par le centre droit que centre gauche ne bouleversent en rien le modèle néolibéral. Car, par néolibéralisme, il faut entendre la politique qui vise à construire une "économie sociale de marché", notion que Michel Foucault avait définie dès 1979 et qu'il distinguait du libéralisme des origines.
Très différent du traditionnel "laisser faire", le néolibéralisme est activement interventionniste au point qu'il convient de parler d'un ordolibéralisme. En effet, son objectif consiste à édifier les bases d'une concurrence libre et non faussée qui n'existent pas spontanément dans la société.
Il s'agit de modifier non pas le marché lui-même mais son environnement de sorte qu'il remplisse au mieux ses principales missions (formation de prix incitatifs, baisse maximale des coûts de production dans l'intérêt du consommateur, égalité méritocratique des chances).
Au plan économique, il implique une vigilance constante des marchés par l'État ou d'instances indépendantes comme la Banque Centrale. Aujourd'hui, pris de cours par la crise financière, les États injectent des capitaux dans les banques... dans l'espoir de revendre les actifs acquis avec une plus value. Aucune remise en cause globale de la mondialisation financière n'est envisagée puisque la crise des subprimes serait due à une erreur de contrôle des marchés. Tout sera mis en œuvre pour permettre à nouveau le fonctionnement optimal de la titrisation des crédits (revente des crédits qui ont été transformés en titres financiers négociables).
Au plan social, il s'agit de rompre avec les principes de l'État social keynésien. Plutôt que de protéger les individus des aléas du marché (ce qui implique de hauts prélèvements obligatoires et une égalisation des revenus supposée entraver l'expression des talents), on souhaite les rendre aptes à affronter la concurrence généralisée. Le RSA en est un bon exemple. Il vise à transformer les "assistés" en acteurs d'un marché du travail rendu plus flexible et concurrentiel. On promeut la précarité du travail tout en atténuant ses conséquences sur le pouvoir d'achat.
Jamais la croyance dans les vertus du marché n'est remise en cause. Bien au contraire, la crise est l'occasion d'accélérer la transformation de chacun d'entre nous en « entrepreneurs » responsables et efficaces (RSA, loi sur l’auto entreprenariat, bonus malus écologique, flexisécurité...) Parce qu'elle valorise l'individu et qu'elle réhabilite l'État, l'économie sociale de marché tend à dépasser les clivages gauche/droite. Elle pourrait devenir le "nouvel horizon indépassable de la pensée". A moins que de nouvelles et salvatrices "utopies" ne voient le jour...
En réalité, les politiques économiques envisagées aussi bien par le centre droit que centre gauche ne bouleversent en rien le modèle néolibéral. Car, par néolibéralisme, il faut entendre la politique qui vise à construire une "économie sociale de marché", notion que Michel Foucault avait définie dès 1979 et qu'il distinguait du libéralisme des origines.
Très différent du traditionnel "laisser faire", le néolibéralisme est activement interventionniste au point qu'il convient de parler d'un ordolibéralisme. En effet, son objectif consiste à édifier les bases d'une concurrence libre et non faussée qui n'existent pas spontanément dans la société.
Il s'agit de modifier non pas le marché lui-même mais son environnement de sorte qu'il remplisse au mieux ses principales missions (formation de prix incitatifs, baisse maximale des coûts de production dans l'intérêt du consommateur, égalité méritocratique des chances).
Au plan économique, il implique une vigilance constante des marchés par l'État ou d'instances indépendantes comme la Banque Centrale. Aujourd'hui, pris de cours par la crise financière, les États injectent des capitaux dans les banques... dans l'espoir de revendre les actifs acquis avec une plus value. Aucune remise en cause globale de la mondialisation financière n'est envisagée puisque la crise des subprimes serait due à une erreur de contrôle des marchés. Tout sera mis en œuvre pour permettre à nouveau le fonctionnement optimal de la titrisation des crédits (revente des crédits qui ont été transformés en titres financiers négociables).
Au plan social, il s'agit de rompre avec les principes de l'État social keynésien. Plutôt que de protéger les individus des aléas du marché (ce qui implique de hauts prélèvements obligatoires et une égalisation des revenus supposée entraver l'expression des talents), on souhaite les rendre aptes à affronter la concurrence généralisée. Le RSA en est un bon exemple. Il vise à transformer les "assistés" en acteurs d'un marché du travail rendu plus flexible et concurrentiel. On promeut la précarité du travail tout en atténuant ses conséquences sur le pouvoir d'achat.
Jamais la croyance dans les vertus du marché n'est remise en cause. Bien au contraire, la crise est l'occasion d'accélérer la transformation de chacun d'entre nous en « entrepreneurs » responsables et efficaces (RSA, loi sur l’auto entreprenariat, bonus malus écologique, flexisécurité...) Parce qu'elle valorise l'individu et qu'elle réhabilite l'État, l'économie sociale de marché tend à dépasser les clivages gauche/droite. Elle pourrait devenir le "nouvel horizon indépassable de la pensée". A moins que de nouvelles et salvatrices "utopies" ne voient le jour...