Le taux mondial de décarbonisation atteint un niveau record

2 Novembre 2016
Antoine Balduino



Au cours de l’année 2015 qui s’est clôturée par l’accord la Conférence de Paris sur le climat (COP21), les économies du G20 ont réduit leur intensité carbone de 2,8% en 2015. Cette baisse, la plus élevée depuis 2000, est conforme aux objectifs de l’accord de Paris adopté par les 195 pays représentés à la COP21. C’est ce que révèle la 8ème édition de l’étude annuelle « Low Carbon Economy Index » (LCEI) du cabinet d’audit et de conseil PwC.

1,3 % par an en moyenne depuis 15 ans

La Chine, le Royaume-Uni et les États-Unis arrivent en tête du classement de l’indice LCEI, qui modélise l’intensité carbone des grandes économies – à savoir les émissions des gaz à effet de serre liés à la consommation d’énergie par million de dollars de PIB. La France, qui avait fortement réduit son intensité carbone en 2014 (-9%), a ralenti le rythme en 2015 (-0,2%), restant bien deçà de son objectif annoncé à Paris de -3,1% annuels. Si l’année 2015 a été exemplaire à l’échelle mondiale, le taux de décarbonisation atteint ne suffira pas à limiter le réchauffement climatique à 2°C. Avec 2,8% de baisse annuelle, les experts de PwC estiment que le budget carbone mondial serait épuisé en 2040.

L’étude Low Carbon Economy Index de PwC effectue un suivi des progrès réalisés par les pays du G20 pour respecter leur budget carbone et décarboner leur économie depuis l’an 2000. Elle révèle cette année que l’intensité carbone des économies du G20 a chuté de 2,8% en 2015, soit plus du double de sa moyenne annuelle depuis 2000. En effet, au cours des quinze dernières années, le taux de décarbonisation du monde ne dépassait pas en moyenne 1,3% par an. Cette évolution croissante en matière de décarbonisation (2,7% en 2014 puis 2,8% en 2015) est comparable aux objectifs que se sont fixés par les États à l’occasion de la COP21 - l’accord de Paris vise un taux annuel de décarbonisation d’environ 3%.

La Chine a fortement pesé dans la balance

PwC Low Carbon Economy Index 2016 par pays
Pour la première fois depuis la création de l’indice LCEI, la Chine arrive en tête du classement avec un taux de décarbonisation de 6,4%, soit plus du double du taux mondial en 2015 (-2,8%). C’est le résultat d’une forte réduction de sa consommation de charbon, mais aussi de sa transition économique vers le développement rapide des services à moindre intensité carbone. Même si elle pèse encore peu dans l’économie chinoise, la production d’électricité d’origine solaire affiche tout de même un bond de 70% en 2015. « La Chine absorbe à elle seule la moitié de la production mondiale de charbon, de sorte que toute évolution de sa consommation se répercute sur le marché du charbon et les émissions de CO2 à l’échelle mondiale », explique Olivier Muller, directeur au sein du département développement durable de PwC.
 
Le Royaume-Uni et les États-Unis se classent juste après la Chine, avec des taux de décarbonisation respectivement de 6% et 4,7%.
De nombreux autres pays, dont de grandes économies émergentes, affichent également de fortes réductions de leur intensité carbone entre 2014 et 2015. Par exemple, l’Afrique du Sud et le Mexique ont réalisé les 4ème et 5ème meilleurs taux de décarbonisation, avec respectivement -4,5% pour l’Afrique du Sud et -4,4% pour le Mexique.
 
 

Redoubler d'efforts

A noter par ailleurs que l’Afrique du Sud, le Mexique, le Canada et l’Inde ont tous les quatre dépassé leurs objectifs annoncés à Paris, signe, pour la seconde année consécutive, d’un découplage entre croissance des émissions de CO2 et croissance économique. En revanche, l’Argentine, l’Indonésie, le Brésil, l’Arabie Saoudite et l’Italie apparaissent en fin de classement. Ces économies devront ainsi poursuivre leurs efforts : la réduction de leur intensité carbone en 2015 est restée en deçà du taux minimum de décarbonisation qu’elles doivent atteindre pour remplir leurs propres objectifs INDC (contributions prévues déterminées au niveau national) pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le Climat.

D’après Sylvain Lambert, associé en charge du Développement durable et du Changement climatique chez PwC : « La France affiche cette année un taux de décarbonisation presque nul (0,2%), bien inférieur aux 3% qui lui permettront de remplir ces propres objectifs INDC. Cependant, elle présente toujours l’intensité carbone la plus faible du G20 grâce à sa production d’électricité très majoritairement d’origine nucléaire et hydraulique. Si des progrès ont été réalisés en 2015, les pays doivent encore redoubler d’efforts pour limiter à 2°C le réchauffement climatique. » Les entreprises jouent également un rôle important dans ce processus.

Antoine Balduino