Les vins bio sont-ils de meilleure qualité ?

8 Septembre 2016
Rémi Lepage

Une équipe de trois enseignants-chercheurs dont fait partie Olivier Gergaud, professeur d'économie à KEDGE BS, a réalisé une étude démontrant que les vins californiens sous label "bio" sont mieux notés par les publications spécialisées américaines. Une étude portant sur les vins français présente des conclusions préliminaires similaires.



Une étude de KEDGE Business School et de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) publiée début août dans le Journal of Wine Economics, révèle que le vin labellisé "bio" a meilleur goût que les vins conventionnels. Des recherches précédentes avaient démontré qu’il était aussi souvent plus abordable. Les consommateurs ont beau encore rechigner à payer plus pour des vins de cépages bio, la nouvelle étude menée par Olivier Gergaud et ses co-auteurs, Magali Delmas et Jinghui Lim, respectivement professeur de management et chercheuse à l’Institut de l’UCLA pour l’environnement et le développement durable, prouve que lors de dégustations à l’aveugle, les experts attribuent de meilleures notes aux vins sous éco-label qu’aux vins conventionnels.

Les vins biologiques obtiennent en moyenne 4,1 points de plus

"Cette étude démontre que les principaux experts américains préfèrent, à caractéristiques données, les vins biologiques à ceux issus de la viticulture conventionnelle. C'est une bonne nouvelle pour les producteurs et les consommateurs qui trouveront dans cette étude une raison supplémentaire de consommer ou produire bio", explique Olivier Gergaud. L'étude repose sur les critiques et notes de plus de 74 000 vins californiens données dans les revues Wine Advocate, Wine Enthusiast et Wine Spectator. Sur une échelle de 100 points, les vins biologiques obtiennent en moyenne 4,1 points de plus que les autres. Cette échelle harmonise les différents systèmes de notation, rétablissant ainsi un équilibre entre les plus généreux et les plus stricts.

Bien que les trois chercheurs se soient uniquement penchés sur les vins californiens, ils pensent que leurs conclusions peuvent s’appliquer à l’échelle nationale, puisque la Californie représente 90 % de la production viticole américaine. Selon eux, une étude portant sur les vins français présente des conclusions préliminaires similaires. Selon leur étude, le vin bio sans conservateurs, autrefois connu pour s’altérer rapidement, pourrait en partie expliquer la réticence des consommateurs à payer plus pour ce genre de vin. Et ce, alors même que les viticulteurs et les experts louent la qualité des vins issus de cépages bio et/ou biodynamiques. Toutefois, la perception erronée des vins labellisés est une bonne nouvelle pour les consommateurs, qui bénéficient ainsi de vins de meilleure qualité à un prix plus abordable.

Un goût pur

Olivier Gergaud et ses collègues espèrent que cette étude incitera les vignerons à arborer plus fièrement leur label bio et encouragera un plus grand nombre de vignerons à convertir leur exploitation à l'agriculture biologique. Selon ces derniers, les vins "bio" représentaient un dérisoire 1 % des vins étudiés en Californie. Dans les deux-tiers des cas, les vignobles californiens détenteurs d’un écolabel ne le font pas figurer sur les bouteilles car les consommateurs estiment généralement ces produits inférieurs aux autres en qualité. En 2014, Magali Delmas avait démontré que les consommateurs refusaient de payer plus pour des vins écoresponsables (d’où un prix plus faible).

« Les viticulteurs disent que le bio améliore leur vin », déclare Magali Delmas. « Cela donne un goût pur, davantage respectueux du terroir, car en remplaçant les pesticides par de la main-d’œuvre, en soignant manuellement les vignes et en améliorant la composition de la terre, vous retrouvez la biodiversité nécessaire en agriculture, c’est-à-dire les microbes, les insectes, les abeilles et les vers. » A noter enfin que dans le cadre d'une étude précédente publiée dans la revue Family Business Review, Olivier Gergaud et Magali Delmas ont montré que les vignerons désiraient adopter des pratiques écologiques non seulement dans le but d'améliorer la qualité de leurs vins mais aussi pour une autre raison toute aussi noble : léguer un environnement plus propre aux générations futures.

Rémi Lepage