Les fortes amplitudes des variations du cours du pétrole sont en général attribuées à la spéculation. Ceci implique qu’il y ait une influence du marché des « futures » (à terme) sur le marché « spot » (celui des transactions physiques, où le cours se forme), ce qui n’est pas établi, comme l’indique le rapport intitulé "Les effets d’un prix du pétrole élevé et volatil ". Celui-ci précise aussi que finalement l’influence de la spéculation sur les cours est forcément limité par la faiblesse relative des capacités de stockage. Alors ? D’où vient donc cette volatilité ?
Il faut en premier lieu insister sur l’influence de la faible élasticité de la demande de pétrole, mentionnée par le rapport. Compte tenu des faibles stockages possibles, on n’achète pas physiquement du pétrole si on n’en a pas besoin, même si son prix baisse. Et réciproquement, la hausse du prix influence peu la demande, car le pétrole conditionne les transports, dont l’arrêt paralyserait l’économie (la demande des ménages étant néanmoins plus sensible à ce paramètre). Cette faible élasticité amplifie les variations normales du cours.
Il ne reste donc comme facteur que l’offre et la demande. Oui, mais alors, comment peut-il expliquer cette folle variation entre les 147$ de mai 2008 et les 32$ de décembre 2008 ? Il y a certes eu une petite réduction de la consommation des ménages (en août 2008, l’UFIP signale une baisse temporaire de 6% des volumes vendus en France), mais cela ne peut expliquer une telle chute. La réponse est cependant des plus simples et évidentes. A partir de juin 2008, les échanges de pétrole du marché de New York se sont mis à augmenter, ce qui ne peut s’expliquer que par une augmentation de l’offre. Le marché a été noyé sous l’or noir, comme le prouve le retrait de 4 millions de barils par jour (soit 5% des échanges mondiaux) effectué par l’OPEP en janvier 2009, qui a permis un redressement progressif du cours à 80$, atteint en juin 2009. Et on a pu noter aussi cette déclaration de l’Arabie Saoudite, début 2008, qui indiquait que des forages productifs n’avaient pas été équipés, pour éviter une surproduction de pétrole. Il faut 3 mois pour équiper ces puits. S’étant rendu compte de son imprévoyance, l’ARAMCO a du équiper en hâte ces forages, et de fait le volume maximum a été atteint en octobre 2008 (la crise économique a ensuite pris le relai).
Il faut en premier lieu insister sur l’influence de la faible élasticité de la demande de pétrole, mentionnée par le rapport. Compte tenu des faibles stockages possibles, on n’achète pas physiquement du pétrole si on n’en a pas besoin, même si son prix baisse. Et réciproquement, la hausse du prix influence peu la demande, car le pétrole conditionne les transports, dont l’arrêt paralyserait l’économie (la demande des ménages étant néanmoins plus sensible à ce paramètre). Cette faible élasticité amplifie les variations normales du cours.
Il ne reste donc comme facteur que l’offre et la demande. Oui, mais alors, comment peut-il expliquer cette folle variation entre les 147$ de mai 2008 et les 32$ de décembre 2008 ? Il y a certes eu une petite réduction de la consommation des ménages (en août 2008, l’UFIP signale une baisse temporaire de 6% des volumes vendus en France), mais cela ne peut expliquer une telle chute. La réponse est cependant des plus simples et évidentes. A partir de juin 2008, les échanges de pétrole du marché de New York se sont mis à augmenter, ce qui ne peut s’expliquer que par une augmentation de l’offre. Le marché a été noyé sous l’or noir, comme le prouve le retrait de 4 millions de barils par jour (soit 5% des échanges mondiaux) effectué par l’OPEP en janvier 2009, qui a permis un redressement progressif du cours à 80$, atteint en juin 2009. Et on a pu noter aussi cette déclaration de l’Arabie Saoudite, début 2008, qui indiquait que des forages productifs n’avaient pas été équipés, pour éviter une surproduction de pétrole. Il faut 3 mois pour équiper ces puits. S’étant rendu compte de son imprévoyance, l’ARAMCO a du équiper en hâte ces forages, et de fait le volume maximum a été atteint en octobre 2008 (la crise économique a ensuite pris le relai).
La baisse de l’intensité pétrolière de la production
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Le rapport souligne justement la baisse de l’influence du cours du pétrole sur l’économie française. Elle subsiste néanmoins, avec un effet boule de neige qui s’est amplifié. L’effet immédiat sur tous les secteurs économiques est celui de la hausse du coût des transports. Ceci provoque une augmentation des prix, sans que les revenus soient augmentés. La baisse du pouvoir d’achat qui s’ensuit peut déclencher une récession, qui à partir d’un certain niveau, conduira alors à une baisse de l’emploi. La spirale de la crise déflationniste peut alors s’enclencher. D’après l’économiste canadien Jeff Rubin, c’est la hausse du pétrole qui a été à l’origine de la crise des « subprimes » aux Etats Unis. Comme le souligne le rapport, l’impact d’une hausse du pétrole est 3,3 fois plus important aux Etats Unis qu’en France. L’augmentation des coûts de transport qui a suivi la hausse du pétrole aux Etats Unis a déclenché une inflation, qui a provoqué une hausse des taux d’intérêt, qui étaient très faibles à la signature des contrats « subprimes », qui sont à taux variables, indexés sur le taux d’inflation, ce qui a ensuite rendu insolvable des titulaires de ces contrats. Et quand les Etats Unis toussent… l’Europe suit.
Un secteur à forte intensité pétrolière n’a pas été mentionné par le rapport : l’agriculture. On évalue à 45% la part du pétrole dans les produits alimentaires. Les prix de ces produits avaient d’ailleurs subi une forte augmentation mondiale en 2008, et l’augmentation du pétrole a certainement joué un rôle. Cet aspect aurait un effet ravageur sur les économies émergentes, dont la demande non alimentaire diminuerait fortement, déclenchant une crise économique de forte ampleur, qui se propagerait au monde entier. Une augmentation du cours de brut à 200$, envisagée par de nombreux observateurs à court terme, pourrait créer une « révolution verte » à rebours en Inde notamment, avec le retour de famines.
Un secteur à forte intensité pétrolière n’a pas été mentionné par le rapport : l’agriculture. On évalue à 45% la part du pétrole dans les produits alimentaires. Les prix de ces produits avaient d’ailleurs subi une forte augmentation mondiale en 2008, et l’augmentation du pétrole a certainement joué un rôle. Cet aspect aurait un effet ravageur sur les économies émergentes, dont la demande non alimentaire diminuerait fortement, déclenchant une crise économique de forte ampleur, qui se propagerait au monde entier. Une augmentation du cours de brut à 200$, envisagée par de nombreux observateurs à court terme, pourrait créer une « révolution verte » à rebours en Inde notamment, avec le retour de famines.
Quelles solutions ?
Le rapport nous indique avec angélisme qu’il faut augmenter nos exportations. Ce qui n’a rien à voir avec le pétrole. Car nos exportations diminuent par suite du poids exorbitant des charges sociales qui pèsent sur la production, ce qui conduit progressivement à la désindustrialisation du pays. L’Allemagne a attaqué ce problème avec succès, se détachant de notre pays en déclin.
Et puis que dire de ces investissements d’une très faible rentabilité dans les énergies renouvelables ? Une autre approche est possible, qui résoudrait en même temps les problèmes énergétiques et financiers. Mais c’est une autre histoire.
Yves Garipuy est ingénieur et économiste spécialisé en énergie. Il tient un blog qui traite de problématiques énergétiques.
Et puis que dire de ces investissements d’une très faible rentabilité dans les énergies renouvelables ? Une autre approche est possible, qui résoudrait en même temps les problèmes énergétiques et financiers. Mais c’est une autre histoire.
Yves Garipuy est ingénieur et économiste spécialisé en énergie. Il tient un blog qui traite de problématiques énergétiques.