Pourquoi le dollar se porte bien

24 Février 2014
Judith Danan

La politique monétaire de la FED et les incertitudes sur les marchés émergents soutiennent le billet vert.



Les marchés boursiers européens s’offrent une respiration après leur progression des deux dernières semaines. De part et d’autre de l’Atlantique, un mouvement relatif de consolidation s’est nourri des anticipations quant à la ligne de conduite de la Réserve Fédérale américaine.

Diminution du "quantitative easing"

De ce point de vue, les minutes du FOMC, le comité monétaire de la banque centrale américaine confirment que le cycle de diminution du « quantitative easing » se poursuivra bel et bien dans les mois à venir. A moins que les fondamentaux économiques américains s’enrayent subitement, un scénario somme toute peu crédible dans l’immédiat, la FED continuera de resserrer progressivement ses conditions monétaires par la voie du « tapering » dans les prochains mois, puis d’une hausse de ses taux directeurs, probablement en 2015.

Mais bien plus que la politique monétaire américaine, aujourd’hui intégrée par les investisseurs, ce sont les incertitudes persistantes sur les marchés émergents qui incitent une partie des intervenants du marché à accentuer leurs positions vendeuses sur les toutes dernières séances. L’indice PMI manufacturier chinois (publié par HSBC), ressorti en recul à 48,3 en février contre 49,5 en janvier indique une contraction de l’activité dans la deuxième économie mondiale. Les incertitudes sont nombreuses quant à la capacité de la Chine à conserver son rôle de locomotive pour la croissance mondiale et pour les autres économies émergentes. La hausse excessive du niveau d’endettement des agents économiques du pays et un système bancaire encore opaque (le « shadow banking » altère l’estimation des actifs à risque au bilan des banques) font notamment ressurgir le risque de bulle de crédit.

Un regain d’aversion vis-à-vis des devises émergentes

Dans ce contexte, nous observons plusieurs mouvements notables sur les différentes classes d’actifs. Premier constat, le billet vert américain bénéficie d’une appréciation par rapport à l’ensemble des devises et en particulier des devises émergentes. Depuis trois séances, la parité USD/CNY a progressé de 0,45% pour s’établir à 6,0914. Cette hausse reflète le regain d’aversion des investisseurs vis-à-vis des devises émergentes, tout autant qu’elle acte le renchérissement du dollar sous l’action d’une politique monétaire désormais moins expansionniste de la part de la FED.

Le « Sentiment Clients », baromètre du sentiment des clients de CMC Markets (plus de 45.000 dans le monde) et établi à partir de leurs positions réelles, confirme la tendance à l’achat sur le dollar. Les positions vendeuses à 87% sur la parité EUR/USD et à 90% sur la parité GBP/USD indiquent que les cambistes parient sur le renchérissement du dollar. Du côté des matières premières, le succès récent de l’once d’or auprès des investisseurs ne faiblit pas. Après avoir renoué avec un niveau proche de 1 320 USD, le métal précieux continue de susciter un courant acheteur (les clients de CMC Markets sont acheteurs à 66%). En revanche, le baril de Brent fait l’objet de positions vendeuses (à 60%), alors que le sentiment était très positif il y a encore une semaine (70% acheteur).

Le Footsie reprend l'avantage

Sur les principaux indices boursiers, les investisseurs sont désormais majoritairement vendeurs sur le Footsie (à 55%), un changement de tendance assez net par rapport à la semaine dernière, quand les positions étaient acheteuses à 61%. Inversement le sentiment redevient un peu plus positif sur le DAX, où les positions acheteuses (à 46%) sont plus significatives que la semaine dernière. Les positions à l’achat, bien qu’en légère baisse, demeurent dominantes sur le Dow Jones (à 54%) et l’indice Japan 225 (à 77%).

A propos de l'auteur : Judith Danan est head of Sales Trading de CMC Markets France, l'un des principaux courtiers en CFD dans le monde.

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