Refroidissement : les trois scénarios possibles

Ces deux derniers mois ont été très froids. Des records ont été battus : des -28 °C de Corée, aux -21° en Pologne, -17° en France, et même -9° en Floride (record depuis 112 ans), on grelotte partout dans l’hémisphère Nord. Ce début d’hiver froid fait suite à plusieurs hivers successifs froids.

Aujourd’hui, il existe un consensus entre les « réchauffistes » du GIEC et certains climato-sceptiques sur un réchauffement du climat depuis 150 ans, jusqu’en 2005, suivi d’un refroidissement qui dure maintenant depuis cinq ans. Il n’y a pas d’explication officielle (du GIEC) sur ce refroidissement, et on ne connait pas son évolution future. Néanmoins, trois scénarios peuvent expliquer ce retournement.

Pour certains, il s’agit simplement d’un épisode aléatoire, qui serait dû à une configuration particulière de l’oscillation Nord Atlantique. Un recul de cinq ans n’est pas suffisant pour juger d’une évolution du climat. Il se pourrait très bien que dès l’année prochaine on retrouve une température habituelle.

D’autres avancent une explication qui a un certain succès : le dérèglement du Gulf Stream. Cet impressionnant courant (dont un bras venant du Golfe du Mexique se situe entre les Bahamas et la Floride, soit 50km de large, sur une profondeur de 800 mètres, à une vitesse de 7 km/heure), apporte à l’Europe la chaleur qui adoucit ses hivers. Il se refroidit progressivement, et plonge vers les grandes profondeurs au niveau du Groenland, pour retourner, à la manière d’un tapis roulant, vers le Sud.

Or le réchauffement climatique fait fondre les glaciers du Groenland, et cette eau douce se mélange au Gulf Stream qui n’est alors plus assez dense pour plonger. Le tapis roulant s’arrête. L’Europe n’est plus réchauffée, et la chaleur de ce courant s’évacue ailleurs, produisant des catastrophes comme sécheresse et tempêtes. Ce scénario est déjà arrivé dans le passé. Il nous suffira de patienter quelques milliers d’années pour que le courant se rétablisse...

Le seul inconvénient de ce scénario est que la NASA, qui mesure au moyen de satellites et bouées la vitesse du Gulf Stream, n’a constaté aucune décélération. Au contraire même...

Un autre scénario fait froid dans le dos… La tendance générale au refroidissement pourrait être causé par la fin de la période interglaciaire où nous nous trouvons (il s’agit d’un cycle de 100 000 ans, dû à la variation d’excentricité de l’orbite terrestre). Ce qui signifie que notre avancée vers cette nouvelle glaciation serait maintenant perceptible… un très, très long hiver glacial en perspective.

Voici la courbe de température de la glace du Groenland au cours des 10 derniers millénaires (mesurée par carottage) :

Cette courbe montre des variations d’assez grandes amplitudes inexpliquées, avec en moyenne une accélération de la chute. L’une de ces variations concerne notre époque moderne : nous sortons d’une baisse, avec le « petit âge glaciaire » (de 1580 à 1850), suivie d’une remontée de 150 ans … qui s’est peut-être arrêtée il y a cinq ans, la courbe rejoignant alors la chute des températures.

Et le CO2 dans cette aventure ? Il semble bien absent. Décidément, la prévision du climat est un art difficile, et même si l’on fait des erreurs dans la prévision des hauteurs de neige, il ne faut pas tirer sur le pianiste.