Comment répondre à la criticité de certaines importations ?
PwC a établi une cartographie des dépenses d’achat de quatre secteurs industriels français et des taux d’importation associés représentant 70% du volume annuel d’importation en France, soit 382 milliards d’euros d’achats importés sur ce périmètre initial. Les quatre secteurs industriels sont la Santé-pharmaceutique, l’Agroalimentaire, l'Électronique et l’Industrie manufacturière.
Afin de sélectionner les catégories de produits et services à fort enjeux de relocalisation, PwC a développé un indice de criticité issu d’une analyse économétrique et a conclu à une première sélection de 113 catégories dites ‘sensibles’, représentant 285 milliards d’euros d'importations.
Cette première sélection a fait l’objet d’un examen approfondi en collaboration avec les donneurs d’ordre, membres du CNA, et d’autres responsables de la chaîne d’approvisionnement : directions générales, directions des opérations et directions des achats de plus de 50 organisations privées et publiques.
Voir annexes pour les analyses sectorielles
58 catégories de produits ont été identifiées comme « les plus propices et les plus prioritaires pour des relocalisations ».
Empêcher les délocalisations
Pour 20 d'entre elles, qui correspondent à des marchés émergents ou en transformation, il s’agit davantage de se doter de capacités de production nouvelles en France et en Europe (« localisation ») que de relocaliser une production mature et délocalisée par le passé. Il s’agit, à titre d’exemple, des anticorps monoclonaux dans la santé, des emballages en mono-matériaux recyclables dans l’agroalimentaire, des cellules de batterie lithium-ion dans l’électronique ou encore des services d’usinage de métaux avec fabrication additive dans l’industrie manufacturière.
« La meilleure relocalisation est d’abord de ne pas délocaliser une production » déclare Olivier Lluansi, associé au sein de PwC France et Maghreb.
“ Il y a un enjeu stratégique sur la filière recyclage et emballages, notamment pour développer des monomatériaux. La Chine s’empare du sujet. A nous de nous positionner sur l’ensemble de la filière de l’amont à l’aval. Sur le secteur des batteries, la compétence est présente en France et en Europe, tout le défi est de collaborer. lI y a également un potentiel sur la santé et l'innovation : nous avons les compétences”, précise Isabelle Carradine, associée chez PwC France et Maghreb.
Pour les 38 autres catégories prioritaires, il s’agit de rapatrier la production sur des marchés matures. Le montant des importations concernées est d'environ 115 milliards d’euros. Si la production de 20% de ces 115 milliards d’euros de produits importés devait être relocalisée en France, elle permettrait de créer environ 75 000 emplois directs et 220 000 emplois indirects.
« Une relocalisation d’activités productives en France sera d’abord la conséquence d’une évolution des politiques d’achat puis des méthodes de production », Jean-Luc Baras, Président du CNA.
Quels facteurs de succès pour une relocalisation de production ?
Le succès d’une relocalisation dépend de la combinaison de plusieurs facteurs et notamment les coûts de production, les compétences disponibles, l’écosystème de fournisseurs, l’environnement réglementaire, le financement de l’investissement (Quoi relocaliser et pour qui relocaliser ? Où relocaliser ? Comment - cadre fiscal et réglementaire ? Qui investit pour relocaliser ?) Pour certaines des catégories de produits « les plus propices et les plus prioritaires » pour des relocalisations, un premier travail d’identification de ces facteurs de succès a été engagé, notamment pour les cellules de batteries lithium-ion / polymères ; les produits réfractaires (briques et électrodes graphite) ; les composants électroniques : semi-conducteurs, transistors et diodes ; les produits d’injection plastique. Ces résultats constituent le point de départ pour des études d’investissement et d’implantation à venir.
PwC et le CNA poursuivent leurs travaux afin d’aboutir à des projets concrets de relocalisation. Les partenaires ont pour objectif de proposer à la Délégation aux territoires d’industrie, à Régions de France et à l’Association des collectivités de France, de lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour sélectionner les territoires et les écosystèmes les plus appropriés et mobilisés pour accueillir des relocalisations (où relocaliser ?) Il s’agit également de collaborer avec le Ministère de l’économie et des finances (DGE) et les membres du Conseil national de l’industrie et des Comités stratégiques de filières (CSF), afin de formaliser ensemble les facteurs de succès de relocalisation de production pour chacune des catégories de produits (Comment relocaliser ? : cadre réglementaire et fiscal, prise en compte du coût total, investissement minimum requis).
L’objectif serait d’atteindre vingt à trente de projets avec leurs facteurs et leviers de succès et les écosystèmes susceptibles de les accueillir qui pourraient être présentés lors d’un prochain Conseil national de l’industrie.
En parallèle, le CNA et PwC ont également lancé un groupe de travail focalisé sur les achats publics qui a identifié six axes de travail pour approfondir le lien entre les politiques d’achat des collectivités locales et leur rôle dans le développement économique.