Santé : Obama a le sourire

22 Décembre 2009



La réforme du système de santé, si chère à Barack Obama pourrait finalement voir le jour avant la fin de l’année. Après de nombreux rebondissement, le projet de loi vient d’être enfin validé par la Chambre. C’est désormais au tour du Sénat d’entériner définitivement la réforme. Le président américain se veut confiant. Il espère qu’elle soit promulguée d'ici la fin de l'année

En 2004, 46 millions d’Américains n’étaient pas assurés. On estime aujourd'hui leur nombre entre 48 et 50 millions, soit près de 16 % de la population. Grâce à cette réforme, 96% d'entre eux bénéficieront d’une couverture santé. Les grandes sociétés seront contraintes d'assurer à leurs employés une couverture santé. Les entreprises qui n'appliqueront pas la nouvelle mesure risqueront des pénalités.

Le coût de la réforme est compris entre 360 et 1 2000 Md $ sur 10 ans

Pour ceux qui ne peuvent pas se le permettre, le gouvernement fournira lui-même des subventions. Les refus de dossiers par les assurances privées sont également bannis, et les personnes présentant un risque particulier ne devraient plus payer de cotisations exagérées.

L’autre objectif avancé par le gouvernement est de lutter contre les dépenses de santé. En 2008, elles représentent 16 % du produit intérieur brut. Ce chiffre fait du système américain l'un des plus coûteux au monde. La privatisation du secteur n’a pas eu que des effets positifs. Les assureurs privés ont en effet depuis des années augmenté leurs tarifs tout en réduisant leurs remboursements.

Les Républicains évaluent le coût de ce projet à 1 200 milliards de dollars (808 milliards d'euros) sur 10 ans. Du côté des Démocrates, les chiffres sont un peu moins impressionnants. Il faudra néanmoins que le président américain finance, au minimum, 630 milliards de dollars de dépenses supplémentaires sur dix ans. Une mission plutôt difficile par les temps qui courent. Pour cela, il mettra en place des impôts sur les riches et une rationalisation des dépenses.

Une réforme nécessaire

Actuellement, l'Etat s'occupe directement de la couverture médicale de 20 % des assurés. D'une part, les retraités et les invalides, via le système Medicare, et les personnes à très faibles revenus, les handicapés et les anciens combattants, via le système Medicaid. Medicare coûte chaque année à l’Etat américain entre 200 et 300 milliards de dollars.

À eux deux, "Medicare" et "Medicaid" représentent à eux seuls 4 % du PIB. Selon certains économistes et les économistes prévoient que d'ici à 2050 ils pourraient coûter jusqu'à 12 % du PIB. Le reste des assurés le sont par des assurances privées, pour la plupart via leur employeur qui prend alors en charge 70 % à 80 % des frais.

Ceux qui ne correspondent pas à ces trois catégories sont les plus mal lotis. En effet, ils doivent souscrire directement à des assurances privées. Les frais y sont en moyenne deux fois moins élevés qu'avec les assurances souscrites par l'employeur. Mais, comme les assureurs ne sont soumis à aucune règle, les remboursements sont minimes et les abus de plus en plus nombreux.

La communication : une arme stratégique

Les chiffres avancés par l’administration Obama laissent songeur. La réforme, en proposant une alternative au système privé, permettrait de faire économiser 2 000 milliards de dollars à l'Etat en dix ans. On comprend mieux maintenant pourquoi les assureurs privés ont fait du lobbying pour faire en sorte que la réforme n’aboutisse pas.

C’est grâce à son talent de communicant que Barack Obama devrait triompher là où Bill Clinton avait échoué. En effet, les opposants à la réforme ont joué la carte de l’Etat tout puissant et omniprésent. Mais, le président américain est rentré dans le jeu et a su montré que la réforme ne remettait pas en cause le libre arbitre si cher aux Américains. Grâce à une stratégie de communication agressive (présence dans les médias, meetings, conférences…), il a réussi en l’espace de quelques mois à rendre les Américains favorables à sa réforme. Un joli tour de force donc.