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Télétravail vs présentiel : bonne ou mauvaise pratique écologique ?

13 Janvier 2022
Rémi Lepage
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Le télétravail s’est imposé dans un contexte où nous n’avions ni la possibilité de s’en abstenir, ni le recul pour en assurer les avantages et inconvénients. Cette synthèse d’étude vise donc aujourd'hui à recenser les effets positifs et négatifs de cette pratique en cherchant à quantifier au mieux l’impact environnemental de chacun de ses aspects.

Impact positif direct sur la mobilité

L’impact le plus direct du télétravail sur nos modes de vie est la diminution drastique de l’usage des moyens de déplacements.  Qu’il se pratique chez soi ou ailleurs, l’ADEME estime depuis 2020 que le simple fait de travailler à domicile un jour par semaine permet de réduire le volume des déplacements de 69%, soit 39% de nos distances journalières.
 
Pour chaque jour télétravaillé par semaine, cela représente une économie potentielle d'émissions de gaz à effet de serre de près de 257 kg CO2 par individu et par an. La réduction des kilomètres effectués entre le domicile et le lieu de travail est le principal facteur d’explication de ces gains environnementaux (Ademe). Mais si ces estimations tiennent compte de la diminution directe du recours à ces déplacements, la démocratisation de cette pratique à terme peut bien en engendrer d’autres…

Des effets rebonds à long terme sur la mobilité

Le retour à la voiture, les déménagements, l’éloignement des centre-villes et l'étalement urbain peuvent relativiser l’effet du télétravail sur le bilan carbone. Lorsque le télétravail s’invite durablement dans nos vies, nos habitudes changent, ce qui peut dans certains cas nous pousser à davantage se déplacer.
Le télétravail peut ainsi déclencher des effets rebond qui peuvent amplifier ou annuler les bénéfices environnementaux. Greenly identifie trois effets rebonds majeurs : la relocalisation, l’espace de travail repensé (co-working et flex office) et l’évolution des comportements.
 
Premièrement, les gains de mobilités sont à nuancer en raison de l’effet de relocalisation dans un nouvel habitat éloigné du lieu de travail. Selon l’ADEME, certains télétravailleurs ont privilégié un cadre de vie périurbain ou rural. Des études ont montré que les individus acceptent plus facilement de vivre loin de leur lieu de travail tant que les déplacements restent moins fréquents. Le géographe français Bruno Moriset explique que la possibilité de télétravailler peut ainsi favoriser l’étalement urbain.
 
De plus, toujours selon l’ADEME, 74% des salariés se rendent en voiture au travail contre 11% en transports en commun. Ce moyen de transport reste le plus utilisé en France et la tendance peine à s’inverser, malgré les fréquentes incitations et investissements en faveur des transports en commun ou modes de déplacements doux.

Légère augmentation de la consommation d’énergie

La consommation énergétique est transférée du côté du télétravailleur dont la facture augmente de près de 8 kWh par jour de télétravail, soit 121 kg équivalent CO2 chaque année. Ainsi, il en ressort que plus un lieu est occupé, plus l’empreinte carbone par travailleur est faible. Par exemple, les espaces de coworking permettent de mutualiser les dépenses énergétiques car le taux d’occupation avoisine plus régulièrement les 100%. Ainsi, le coût énergétique annuel d’un télétravailleur est de 3 à 5 fois moins que dans un bureau traditionnel.
 
La pratique récente du flex office apporte des bénéfices environnementaux très significatifs avec des résultats prometteurs pour le bilan carbone du télétravail grâce à la rationalisation énergétique.

Légère augmentation de la pollution numérique

Côté numérique, le bilan environnemental doit également tenir compte de l’augmentation des achats de matériel informatique pour assurer le travail à distance ainsi que notre recours plus important aux moyens de télécommunication.
 
Les échanges numériques se multiplient avec l’essor du télétravail et le nombre d’objets connectés ne cesse d’augmenter. La pollution numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Derrière ce chiffre se cache la fabrication des équipements, mais aussi leur consommation d’énergie, ou la gestion de leur fin de vie. Au rythme actuel, la part du numérique dans nos émissions pourrait doubler d’ici 3 ans. Parmi elles, 25 % sont dues aux data centers, 28 % aux infrastructures, et 47 % aux équipements consommateurs.

Un impact environnemental finalement bien positif !

En parvenant à en quantifier chacun des effets rebonds induits à court, moyen et long terme, l’ADEME parvient à démontrer que le télétravail reste un atout de poids lorsqu’il est question de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
 
A chaque fois qu’un Français prend l’habitude de télétravailler un jour supplémentaire par semaine, ses émissions tout au long de l’année se voient en effet diminuées, toujours selon cette étude, de 271 kg équivalent CO2 par an par rapport à une situation sans télétravail. Ce chiffre, issu d’une moyenne et pouvant donc varier en fonction du cadre de vie de chacun (moyen de transport employé, type de chauffage à domicile, habitudes alimentaires…), démontre que le recours à cette pratique peut être synonyme de véritable engagement dans la lutte contre le changement climatique. Pour mieux réaliser à quoi cela correspond, rappelons que les Accords de Paris suggèrent que le budget carbone d’une personne s’élève en moyenne à 2 tonnes par personne à l’horizon 2050. Un gain de 271 kg équivalent CO2 représente ainsi une réduction synonyme de près de 14% de ce budget.



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