"Un malentendu total entre les politiques et les marchés"

12 Janvier 2011



Autres articles
"En France et en Allemagne il y a une très faible culture des marchés. Les Européens ont globalement ignoré la dynamique des marchés. Il y a certes souvent décalage entre la finance et les fondamentaux de l'économie, mais il faut comprendre pourquoi, et agir en conséquence. On peut l'ignorer lorsque l'on affiche des excédents. Lorsque l'on est en déficit, on ne peut pas se payer le luxe d'ignorer le marché qui doit financer les dépenses de l'état.

Il y a un malentendu total entre les politiques et les professionnels de la finance. En croyant bien faire, ils suscitent du soupçon. Dernier exemple en date, le fait de recapitaliser la BCE. Dans l'esprit de certains, cela va renforcer les moyens de la Banque, soulager le FESF, et donc tout cela va dans le bon sens. Vu des marchés, cela fait penser que les pertes essuyées par la BCE cette année seront, peut-être, catastrophiques, et cela engendre au contraire doutes et craintes
" a déclaré Laurent Bilke, ancien de la Banque de France et de la BCE et actuellement head of global inflation strategy chez Nomura International.

L’hôpital qui se moque de la charité

Selon l’économiste de Nomura, les Etats européens ont sous-estimé la crise de la dette. Et au final, c’est leur mauvaise gestion qui a mis le feu aux marchés et qui a obligés à mettre en place des plans de sauvetage. En quelque sorte, l’hôpital qui se moque de la charité. Sous la pression des marchés, depuis plusieurs jours, le Portugal est néanmoins parvenu à placer 1,25 milliard d'euros d'obligations d'Etat. L'inquiétude était montée depuis la fin de la semaine dernière, après que les taux d'intérêt de la dette portugaise à dix ans eurent de nouveau atteint vendredi des niveaux historiques, à 7,193%, un taux jugé "insoutenable" par les économistes.

Le rendement des titres à 10 ans est ressorti à 6,716%, soit moins que celui de la précédente émission en novembre (6,806). Pour les obligations à échéance 2014, le taux est par contre en hausse (5,396 contre 4,041%). Le Portugal réussit donc à sauver sa peau (pour le moment)...