Cette affaire est grave et révèle le manque de maturité de certains acteurs politiques européens. En organisant un référendum d’auto-détermination anticonstitutionnel, le leader catalan Carlos Puigdemont a mis le doigt dans un engrenage dangereux pour l’Espagne et pour l’Europe dans son ensemble. Son attitude intransigeante s’est avéré toutefois une impasse, n’aboutissant pour le moment qu’à la reprise en main de la Catalogne par le gouvernement de Mariano Rajoy. Dans ce contexte, le rétablissement par Madrid de l’ordre constitutionnel, afin d’éviter que la situation échappe à tout contrôle, doit être soutenu sans ambiguïté par les autres Etats européens.
Des répercussions économiques négatives
L’indépendance d’une région qui pèse environ 20 % du PIB de l’Espagne, soit l’équivalent de la Grèce, créerait une situation inextricable. L’Union européenne n’étant pas disposée à accepter une Catalogne indépendante en son sein, tout du moins avant de longues négociations, cela aboutirait en théorie à faire sortir de l’UE ce nouvel Etat auto-proclamé. Les répercussions économiques seraient très négatives, surtout pour les Catalans eux-mêmes. Près de 300 entreprises catalanes ont déjà pris en compte ce risque, peu probable mais bien réel, en transférant immédiatement leur siège social hors de la région.
Certains Catalans estiment que le dynamisme économique de leur région est entravé par Madrid puisque la Catalogne doit nécessairement contribuer à un effort de solidarité envers les autres régions de l’Espagne moins bien dotées. Ils oublient cependant ce qu’ils doivent à l’écosystème espagnol dans l’essor économique de leur région. Or, une Catalogne indépendante ne parviendrait pas à recréer le même environnement dans lequel elle a bâti sa prospérité actuelle.
Certains Catalans estiment que le dynamisme économique de leur région est entravé par Madrid puisque la Catalogne doit nécessairement contribuer à un effort de solidarité envers les autres régions de l’Espagne moins bien dotées. Ils oublient cependant ce qu’ils doivent à l’écosystème espagnol dans l’essor économique de leur région. Or, une Catalogne indépendante ne parviendrait pas à recréer le même environnement dans lequel elle a bâti sa prospérité actuelle.
Le retour du risque politique en Europe ne doit pas être minimisé
Face aux grands défis économiques, sociaux ou écologiques à relever au 21ème siècle, l’objectif des Européens devrait être de renforcer leur unité afin d’y apporter des réponses communes. Or, cette unité européenne, nécessaire pour rivaliser avec les grands Etats continentaux que sont les Etats-Unis, la Chine, voire l’Inde ou le Brésil, doit reposer sur des Etats stables et unis.
Si l’identité catalane est une réalité incontestable, la mise en valeur des particularités régionales, source de richesse au niveau européen, ne doit pas se confondre avec des revendications nationales qui mèneraient à l’éclatement des Etats existants et porteraient préjudice à l’Europe dans son ensemble. Or, cette crise catalane ne fait que raviver le risque politique qui avait reculé en Europe après l’élection d’Emmanuel Macron en mai dernier.
En Autriche, l’extrême-droite est aux portes du pouvoir et pourrait intégrer la prochaine coalition gouvernementale. Les Européens doivent, par conséquent, rester vigilants en ne laissant pas les vieux démons du nationalisme prendre le dessus et saborder tous les efforts consentis depuis soixante ans pour édifier une Europe unie. A plus long terme, l’Europe devra toutefois engager des efforts considérables pour soutenir une croissance équilibrée à travers l’ensemble de ses territoires. Sinon la progression des mouvements populistes et, en parallèle, des tentations sécessionnistes sera inexorable.
En attendant, les marchés obligataires souverains n’ont pas cédé à la panique. Le taux espagnol à 10 ans, qui a culminé début octobre à 1,76%, est redescendu sous la barre des 1,65% au cours des derniers jours. Sur les marchés actions, l’indice IBEX 35 qui était repassé, le 4 octobre, sous la barre des 10.000 points a regagné plus de 250 points lors des dernières séances. Ce sang-froid des investisseurs est rassurant : les marchés ne croient pas à une aggravation de la crise.
A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection.
Si l’identité catalane est une réalité incontestable, la mise en valeur des particularités régionales, source de richesse au niveau européen, ne doit pas se confondre avec des revendications nationales qui mèneraient à l’éclatement des Etats existants et porteraient préjudice à l’Europe dans son ensemble. Or, cette crise catalane ne fait que raviver le risque politique qui avait reculé en Europe après l’élection d’Emmanuel Macron en mai dernier.
En Autriche, l’extrême-droite est aux portes du pouvoir et pourrait intégrer la prochaine coalition gouvernementale. Les Européens doivent, par conséquent, rester vigilants en ne laissant pas les vieux démons du nationalisme prendre le dessus et saborder tous les efforts consentis depuis soixante ans pour édifier une Europe unie. A plus long terme, l’Europe devra toutefois engager des efforts considérables pour soutenir une croissance équilibrée à travers l’ensemble de ses territoires. Sinon la progression des mouvements populistes et, en parallèle, des tentations sécessionnistes sera inexorable.
En attendant, les marchés obligataires souverains n’ont pas cédé à la panique. Le taux espagnol à 10 ans, qui a culminé début octobre à 1,76%, est redescendu sous la barre des 1,65% au cours des derniers jours. Sur les marchés actions, l’indice IBEX 35 qui était repassé, le 4 octobre, sous la barre des 10.000 points a regagné plus de 250 points lors des dernières séances. Ce sang-froid des investisseurs est rassurant : les marchés ne croient pas à une aggravation de la crise.
A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection.