Entretien avec Xavier Lespinas, responsable de la gestion actions, Swiss Life Banque Privée
Économie et société : Pensez-vous que les annonces faites par Mario Draghi soient suffisantes pour sauver définitivement la zone euro ?
Xavier Lespinas. Il est clair que Mario Draghi, en « forçant » l’Allemagne à accepter que la BCE élargisse son champ d’action traditionnel, auquel la cantonnait encore Jean-Claude Trichet il y a un an, a, à ce stade, sauvé la zone euro. Tous les acteurs ont ainsi gagné du temps et le stress financier s’est sensiblement dégonflé. Le risque systémique, pour les banques, n’est plus d’actualité.
Et surtout le verdict de Karlsruhe apparaît comme la pièce maîtresse du puzzle. Mais, sans se livrer à une exégèse approfondie des annonces faites le 6 septembre, il est évident que la BCE ne peut pas faire de miracles toute seule. Sans parler de nombreux détails encore à négocier pour un bon fonctionnement de ces mécanismes de sauvetage. Les politiques, qui ont largement contribué à créer la situation, où se trouve maintenant la zone euro, doivent s’impliquer pleinement en faisant preuve d’imagination et de pragmatisme pour éviter que la situation économique ne s’aggrave. Le temps du clientélisme est révolu.
Économie et société : Comment la BCE s’assure que ces mesures ne fassent pas tourner la planche à billets et génèrent de l’inflation ?
X. L. La stérilisation des dettes souveraines rachetées par la BCE, évite pour l’instant, tout risque d’inflation, car elle concentre la masse monétaire dans les banques centrales.
Cependant, les taux courts ne seront pas indéfiniment aussi bas qu’aujourd’hui et ces liquidités viendront alimenter l’économie réelle, dans quelque temps ; à cette échéance, qu’on peut envisager pour dans trois ou quatre ans, on risque de voir l’inflation repartir fortement.
Il suffit de regarder ce qui s’est passé en 2011 dans les zones émergentes, après la crise de 2008. Notons à cet égard, que l’économie américaine pourrait se trouver confrontée rapidement à ce problème, car, justement, la Fed n’a pas prévu, avec ses politiques de quantitative easing, le même traitement de ses rachats de dettes.
Xavier Lespinas. Il est clair que Mario Draghi, en « forçant » l’Allemagne à accepter que la BCE élargisse son champ d’action traditionnel, auquel la cantonnait encore Jean-Claude Trichet il y a un an, a, à ce stade, sauvé la zone euro. Tous les acteurs ont ainsi gagné du temps et le stress financier s’est sensiblement dégonflé. Le risque systémique, pour les banques, n’est plus d’actualité.
Et surtout le verdict de Karlsruhe apparaît comme la pièce maîtresse du puzzle. Mais, sans se livrer à une exégèse approfondie des annonces faites le 6 septembre, il est évident que la BCE ne peut pas faire de miracles toute seule. Sans parler de nombreux détails encore à négocier pour un bon fonctionnement de ces mécanismes de sauvetage. Les politiques, qui ont largement contribué à créer la situation, où se trouve maintenant la zone euro, doivent s’impliquer pleinement en faisant preuve d’imagination et de pragmatisme pour éviter que la situation économique ne s’aggrave. Le temps du clientélisme est révolu.
Économie et société : Comment la BCE s’assure que ces mesures ne fassent pas tourner la planche à billets et génèrent de l’inflation ?
X. L. La stérilisation des dettes souveraines rachetées par la BCE, évite pour l’instant, tout risque d’inflation, car elle concentre la masse monétaire dans les banques centrales.
Cependant, les taux courts ne seront pas indéfiniment aussi bas qu’aujourd’hui et ces liquidités viendront alimenter l’économie réelle, dans quelque temps ; à cette échéance, qu’on peut envisager pour dans trois ou quatre ans, on risque de voir l’inflation repartir fortement.
Il suffit de regarder ce qui s’est passé en 2011 dans les zones émergentes, après la crise de 2008. Notons à cet égard, que l’économie américaine pourrait se trouver confrontée rapidement à ce problème, car, justement, la Fed n’a pas prévu, avec ses politiques de quantitative easing, le même traitement de ses rachats de dettes.
Un cercle vertueux d’ici quelques années ?
Xavier Lespinas, responsable de la gestion actions, Swiss Life Banque Privée
Économie et société : Actuellement, quel est le meilleur scénario possible pour les pays de la zone euro ?
X. L. Le scénario idéal, à ce jour, serait de voir les états assainir leurs finances publiques rapidement pour trouver ensuite des marges de manœuvre afin de reconstruire une croissance structurelle, donc durable et sans excès. Encore mieux, en obtenant des délais plus souples pour réduire l’endettement (la Grèce y travaille et le Portugal l’a obtenu), l’adoption de stimuli pour une croissance, même faible, permettrait, sans doute, de parvenir aux mêmes résultats dans un laps de temps (de façon plus indolore pour les populations) sensiblement équivalent, les rentrées fiscales étant, dans ce cas, beaucoup plus contributives.
"Aide-toi, le ciel t’aidera" certes, mais, si la croissance américaine montait un peu en puissance (l’immobilier permet quelques espoirs) et si la Chine donnait le la en relançant également sa croissance, un cercle vertueux pourrait se dessiner d’ici quelques années.
Économie et société : Et le pire ?
X. L. Il ne fait de doute pour personne aujourd’hui que le risque est, comme très souvent, après une crise extrême, qu’on assiste à un retour de balancier violent. En termes clairs, le risque aujourd’hui pour la zone euro, serait qu’à force d’austérité, l’économie eurolandaise plonge dans une récession dure et longue, et sans que ce soit limité à l’Espagne ou l’Italie. Bien des experts, et non des moindres (ex : Jacques de Larosière chez nous encore récemment), pointent ce danger du doigt.
Risque également que tous les mécanismes et règles qu’on met difficilement en place aujourd’hui ne résistent pas à l’épreuve des faits. Nous n’irons pas jusqu’à imaginer que la croissance américaine ne se raffermisse pas, et, encore moins, celle de la Chine…Ce n’est pourtant pas un hasard, si les tenants du découplage entre pays matures et émergents sont muets depuis un certain temps ; la mondialisation a tissé des liens d’interdépendance, qui ne peuvent pas produire que des effets bénéfiques.
X. L. Le scénario idéal, à ce jour, serait de voir les états assainir leurs finances publiques rapidement pour trouver ensuite des marges de manœuvre afin de reconstruire une croissance structurelle, donc durable et sans excès. Encore mieux, en obtenant des délais plus souples pour réduire l’endettement (la Grèce y travaille et le Portugal l’a obtenu), l’adoption de stimuli pour une croissance, même faible, permettrait, sans doute, de parvenir aux mêmes résultats dans un laps de temps (de façon plus indolore pour les populations) sensiblement équivalent, les rentrées fiscales étant, dans ce cas, beaucoup plus contributives.
"Aide-toi, le ciel t’aidera" certes, mais, si la croissance américaine montait un peu en puissance (l’immobilier permet quelques espoirs) et si la Chine donnait le la en relançant également sa croissance, un cercle vertueux pourrait se dessiner d’ici quelques années.
Économie et société : Et le pire ?
X. L. Il ne fait de doute pour personne aujourd’hui que le risque est, comme très souvent, après une crise extrême, qu’on assiste à un retour de balancier violent. En termes clairs, le risque aujourd’hui pour la zone euro, serait qu’à force d’austérité, l’économie eurolandaise plonge dans une récession dure et longue, et sans que ce soit limité à l’Espagne ou l’Italie. Bien des experts, et non des moindres (ex : Jacques de Larosière chez nous encore récemment), pointent ce danger du doigt.
Risque également que tous les mécanismes et règles qu’on met difficilement en place aujourd’hui ne résistent pas à l’épreuve des faits. Nous n’irons pas jusqu’à imaginer que la croissance américaine ne se raffermisse pas, et, encore moins, celle de la Chine…Ce n’est pourtant pas un hasard, si les tenants du découplage entre pays matures et émergents sont muets depuis un certain temps ; la mondialisation a tissé des liens d’interdépendance, qui ne peuvent pas produire que des effets bénéfiques.