Alors que les grandes régions économiques du monde subissent un ralentissement significatif, entre déflation au Japon, désinflation en Europe et moindre croissance en Chine, les Etats-Unis, eux, se distinguent par une reprise robuste. Cet état du cycle très différent de celui du reste du globe s’explique en bonne partie par les remèdes instillés par la banque centrale américaine. Son « quantitative easing » (relance monétaire via des rachats d’actifs) a débuté bien plus tôt que dans les autres zones économiques et son ampleur a été bien plus importante.
La banque centrale américaine n’a pas de levier sur la croissance mondiale
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Cela a permis à l’économie américaine de sortir plus rapidement de la crise, en évitant notamment l’étape usuelle de tensions déflationnistes. L’action de la Reserve Fédérale a notamment stimulé l’effet « richesse », le consommateur des classes supérieures ayant vu ses actifs financiers (actions, patrimoine immobilier…) se revaloriser grâce aux injections de liquidités garanties pendant plusieurs années par la banque centrale. Elle a aussi permis le retour de la confiance ainsi que le redémarrage des investissements et de la consommation. Les entreprises américaines ont renoué avec la croissance bénéficiaire, en témoignent leurs résultats trimestriels systématiquement supérieurs aux attentes depuis 2010.
Tous les voyants sont donc au vert Outre-Atlantique ? Pas tout-à-fait. Il faut encore parler de phase de reprise pour qualifier l’économie U.S., et non de phase d’expansion, l’étape à suivre, qui se caractérise par le plein emploi. D’une part, la croissance des bénéfices des sociétés ne s’accompagne pas encore d’une croissance structurelle forte des chiffres d’affaires. Autrement dit, la progression des marges des entreprises tient, pour le moment, davantage à la rationalisation des coûts qu’à une nette impulsion de leur volume d’affaires et de leurs parts de marché. D’autre part, la reprise ne profite pas dans les mêmes proportions au consommateur américain moyen. A la différence des reprises passées, la hausse des salaires reste globalement contenue.
Tous les voyants sont donc au vert Outre-Atlantique ? Pas tout-à-fait. Il faut encore parler de phase de reprise pour qualifier l’économie U.S., et non de phase d’expansion, l’étape à suivre, qui se caractérise par le plein emploi. D’une part, la croissance des bénéfices des sociétés ne s’accompagne pas encore d’une croissance structurelle forte des chiffres d’affaires. Autrement dit, la progression des marges des entreprises tient, pour le moment, davantage à la rationalisation des coûts qu’à une nette impulsion de leur volume d’affaires et de leurs parts de marché. D’autre part, la reprise ne profite pas dans les mêmes proportions au consommateur américain moyen. A la différence des reprises passées, la hausse des salaires reste globalement contenue.
Les Etats-Unis sont dépendants des autres régions du monde
Lors de la précédente phase de reprise, les salaires américains progressaient de 3,5% par an, avec une inflation à 2,5%. Depuis 2010, le rythme de revalorisation est plus modeste, de l’ordre de 2%, pour une inflation elle aussi autour de 2%, soit un impact mineur sur le pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages. Surtout, il ne faut pas négliger l’impact potentiel de facteurs d’incertitude exogènes, de nature à freiner la conjoncture américaine, voire même, selon les scénarii les plus sombres, à « casser » la reprise. Le ralentissement économique mondial pourrait notamment altérer les exportations américaines au cours des prochains trimestres. Un risque contre lequel la banque centrale américaine ne peut, cette fois, pas grand-chose.
En effet, la Réserve Fédérale n’a pas véritablement de prise sur les perspectives de croissance dans les autres régions du monde, un constat qui amène l’institution à encourager, implicitement, les autres banques centrales à agir. La récente décision de la Banque du Japon d’intensifier ses rachats d’actifs n’est pas anodine. Si l’économie américaine peut désormais se passer de relance monétaire à son échelle, les autres zones économiques du monde, elles, ne le peuvent pas. A moyen terme, le sort de la croissance économique américaine sera de moins en moins autonome vis-à-vis de l’état de santé économique des autres pays !
A propos de l'auteur : Rémi Lelu De Brach est gérant Taux chez Quilvest Gestion.
En effet, la Réserve Fédérale n’a pas véritablement de prise sur les perspectives de croissance dans les autres régions du monde, un constat qui amène l’institution à encourager, implicitement, les autres banques centrales à agir. La récente décision de la Banque du Japon d’intensifier ses rachats d’actifs n’est pas anodine. Si l’économie américaine peut désormais se passer de relance monétaire à son échelle, les autres zones économiques du monde, elles, ne le peuvent pas. A moyen terme, le sort de la croissance économique américaine sera de moins en moins autonome vis-à-vis de l’état de santé économique des autres pays !
A propos de l'auteur : Rémi Lelu De Brach est gérant Taux chez Quilvest Gestion.