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La révolution fiscale selon Piketty

15 Mars 2011
Vladimir Vodarevski
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La révolution fiscale selon Piketty
Alors que Nicolas Sarkozy a fait de la réforme de la fiscalité sa priorité pour l’année 2011, Thomas Piketty, économiste de gauche, a sorti en janvier 2011, avec Camille Landais et Emmanuel Saez, un livre intitulé Pour une révolution fiscale. Il propose de créer un nouvel impôt, qui remplacerait l'actuel impôt sur le revenu, la CSG, et le prélèvement libératoire. Seraient supprimés concomitamment la prime pour l'emploi et le bouclier fiscal. Ce nouvel impôt serait très progressif, avec six tranches, basées sur la totalité du revenu (l'impôt sur le revenu actuel est basé sur le revenu marginal).

Un revenu découpé en tranches, chaque tranche ayant un taux d’imposition différent

Ainsi, quelqu'un qui gagne 30 000 euros par mois, paiera 0 % d'impôt pour la tranche de ses revenus entre 0 et 5 963 euros, il paiera 5,5% de 5 963 à 11 896 euros, 14% de 11 896 à 26 420 euros, et 30% de 26 420 à 30 000 euros. Il sera donc au taux marginal de 30 % mais ne paiera pas 30 % d'impôt, puisque son revenu est découpé en tranches, chaque tranche ayant un taux d'imposition différent. Dans cette exemple, il paiera 2 534 euros d'impôt, soit un taux d'imposition réel de 9,39 % de son revenu total.

Thomas Piketty présente sa révolution comme juste socialement. Il calcule que son système permettrait d'imposer plus les riches, et moins les autres. Sauf que Piketty oublie les cotisations sociales. En 2005, celles-ci représentaient 16,23 % du Produit intérieur brut (PIB) en France. La CSG et l'impôt sur le revenu (qui comprend le prélèvement libératoire), représentaient 7,10 % du PIB en 2005. Un peu moins que la TVA, à 7,43 % (source: Wikipedia).

Pas beaucoup de différences entre les riches et les pauvres

La révolution fiscale selon Piketty
Ainsi, Thomas Piketty ne s'intéresse qu'à une petite partie des prélèvements obligatoires. Sachant que les cotisations sociales touchent tous les salariés, même ceux qui ne travaillent qu'à temps partiel, pour un salaire partiel. Les simulations présentées par Piketty sont d'ailleurs claires: avec son système, c'est de 40 à 50 % de prélèvements pour tout le monde. Pas tellement de différences entre les riches et les pauvres.

Thomas Piketty sait que l'argent se trouve au sein de la classe moyenne. C'est elle qu'il faut taxer, donc. Bien sûr, il y a des riches qui gagnent beaucoup. Mais, en additionnant les revenus de la classe moyenne, globalement, c'est là qu'il y a le plus d'argent, de loin. Même si les riches, intégrés dans l'économie mondiale, ont tendance à gagner de plus en plus.

Pas de révolution, juste une hypocrisie habituelle

La classe moyenne est largement composée de salariés. Par conséquent, le moyen le plus efficace de la taxer est de se servir à la source, au salaire donc. Il n'y a donc pas de révolution fiscale avec Piketty. Juste l'hypocrisie habituelle en matière de prélèvements obligatoires.

Une véritable révolution fiscale serait une flat tax sur tous les revenus, les salaires (complet, en incluant ce qui est aujourd'hui les cotisations patronales), les plus values, les stock-options, les héritages, l'impôt sur les sociétés, tout, avec un taux de 20% par exemple, ou 25% comme je le propose dans un précédent article. Ajoutons la TVA , avec au besoin une légère augmentation. Puis, un impôt sur le revenu, auquel seraient assujettis tous les revenus supérieurs à un certain seuil, déterminé par les ordinateurs de Bercy pour que le total des prélèvements permette de financer la dépense publique.

En supprimant toutes les niches fiscales, bien sûr. Là, ce serait la révolution, au bénéfice des bas salaires. En effet, si on reverse aux salariés la totalité de ce qui est payé par l'entreprise, salaire+charges patronales, amputées d'un impôt à 20%, les salariés sont gagnants. Pourquoi Piketty ne propose-t-il pas cette véritable révolution?

Vladimir Vodarevski est économiste de formation. Il travaille actuellement dans le domaine de la fiscalité d'entreprise. Il tient un blog sur l'actualité économique.



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