Entre les pessimistes, qui prédisent à court terme une grave pénurie du pétrole, qui créerait une envolée des cours insupportable pour l’économie, et les optimistes, qui mettent en avant ce qui va mieux (Lybie, Irak, et surtout pétrole de schiste), avec une baisse des cours, il n’est pas facile d’avoir des certitudes.
L’évolution du cours du Brent (celui qui s’applique en Europe), depuis 2006
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- En mai 2008, pic absolu à 147$. Explication de l’IFP (Institut Français du Pétrole) et du FMI : ce pic n’est pas dû à la spéculation, mais à une insuffisance de l’offre par rapport à la demande.
- Puis c’est l’effondrement, et en novembre 2008, le cours tombe à un plus bas de 34$. Raison probable : l’Arabie Saoudite avait déclaré avant cette crise qu’un certain nombre de ses forages productifs n’avaient pas été équipés, pour éviter une surproduction. Il faut 3 mois pour équiper ces puits; donc, se rendant compte de son imprévoyance, l’ARAMCO (Arabie Saoudite) a procédé en hâte à la mise en service de ces puits … ce qui a créé en final une surproduction, et l’effondrement du cours. La demande de pétrole a une faible élasticité : ce n’est pas parce que le prix du pétrole baisse qu’on achète un pétrole dont on n’a pas besoin et qu’on ne sait pas stocker, et réciproquement on est prêt à payer beaucoup plus si on en a besoin. Cette inélasticité amplifie les variations de cours en cas de déséquilibre entre offre et demande.
- Le 3 août 2009, Fatih Birol, chef économiste à l’AIE (Agence Internationale pour l’Energie, organe de l’OCDE) écrit : "Plus de 800 champs de pétrole, représentant les trois quarts des réserves globales, ont montré que la plupart des grands gisements ont déjà dépassé leur peak oil (maximum de production). L’AIE estime que le déclin de la production dans les puits existants est maintenant de 6,7% par an, à comparer aux 3,7% par an qu’elle avait estimé en 2007, et qu’elle reconnait maintenant avoir été faux."
- En novembre 2009, audition de Christophe de Margerie, patron de Total, par la commission des finances de l’Assemblée nationale. Il déclare qu’en dépit des apparences de facilité, les producteurs produisent à fond, et que seule l’Arabie Saoudite a des réserves immédiatement disponibles pour faire face à des aléas.
- En mars 2010, le patron de l’ARAMCO, Khalid al Falih, lors de la réunion annuelle du CERA (le Gotha du pétrole !) à Houston, déclare qu’il est urgent de trouver de nouvelles ressources pétrolières, sous peine d’une insuffisance de production mondiale en 2015 de 30 à 45 millions de barils par jour (soit 38 à 55% de la production mondiale).
- En avril 2011, la crise de la Lybie, qui bloque sa production, provoque un nouvel accès de fièvre du brut.
- Puis c’est l’effondrement, et en novembre 2008, le cours tombe à un plus bas de 34$. Raison probable : l’Arabie Saoudite avait déclaré avant cette crise qu’un certain nombre de ses forages productifs n’avaient pas été équipés, pour éviter une surproduction. Il faut 3 mois pour équiper ces puits; donc, se rendant compte de son imprévoyance, l’ARAMCO (Arabie Saoudite) a procédé en hâte à la mise en service de ces puits … ce qui a créé en final une surproduction, et l’effondrement du cours. La demande de pétrole a une faible élasticité : ce n’est pas parce que le prix du pétrole baisse qu’on achète un pétrole dont on n’a pas besoin et qu’on ne sait pas stocker, et réciproquement on est prêt à payer beaucoup plus si on en a besoin. Cette inélasticité amplifie les variations de cours en cas de déséquilibre entre offre et demande.
- Le 3 août 2009, Fatih Birol, chef économiste à l’AIE (Agence Internationale pour l’Energie, organe de l’OCDE) écrit : "Plus de 800 champs de pétrole, représentant les trois quarts des réserves globales, ont montré que la plupart des grands gisements ont déjà dépassé leur peak oil (maximum de production). L’AIE estime que le déclin de la production dans les puits existants est maintenant de 6,7% par an, à comparer aux 3,7% par an qu’elle avait estimé en 2007, et qu’elle reconnait maintenant avoir été faux."
- En novembre 2009, audition de Christophe de Margerie, patron de Total, par la commission des finances de l’Assemblée nationale. Il déclare qu’en dépit des apparences de facilité, les producteurs produisent à fond, et que seule l’Arabie Saoudite a des réserves immédiatement disponibles pour faire face à des aléas.
- En mars 2010, le patron de l’ARAMCO, Khalid al Falih, lors de la réunion annuelle du CERA (le Gotha du pétrole !) à Houston, déclare qu’il est urgent de trouver de nouvelles ressources pétrolières, sous peine d’une insuffisance de production mondiale en 2015 de 30 à 45 millions de barils par jour (soit 38 à 55% de la production mondiale).
- En avril 2011, la crise de la Lybie, qui bloque sa production, provoque un nouvel accès de fièvre du brut.
Un tassement du cours
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Depuis cette date, on enregistre un tassement du cours (qui vaut aujourd’hui 112$), probablement dû au retour à la normale en Lybie et en Irak. Il faut y rajouter des interventions revendiquées par l’Arabie Saoudite, qui a déclaré à plusieurs reprises qu’elle avait les réserves disponibles nécessaires pour maintenir le cours autour de 100$... ce qui fut particulièrement opportun pour la campagne de Barak Obama ! Actuellement, il semble que le cours du Brent (et du light, aux Etats Unis) monte un peu. Si cela devait continuer sans intervention baissière de l’Arabie Saoudite, cela pourrait signifier que ce pays est arrivé au bout de ses capacités d’augmentation de sa production, ce qui priverait le monde de son effet modérateur au cours de ces dernières années.
Le cours du pétrole est commandé par l’offre et la demande, avec à court terme une spéculation venant des opérateurs pétroliers. Celle-ci cependant est limitée par les capacités de stockage du pétrole, faibles par rapport aux énormes volumes livrés chaque jour (1 milliard de litres quotidiennement). Ces stocks sont en moyenne d’une trentaine de jours de consommation pour les principaux pays, auxquels se rajoutent des stocks « stratégiques » de 90 jours.
Le cours du pétrole est commandé par l’offre et la demande, avec à court terme une spéculation venant des opérateurs pétroliers. Celle-ci cependant est limitée par les capacités de stockage du pétrole, faibles par rapport aux énormes volumes livrés chaque jour (1 milliard de litres quotidiennement). Ces stocks sont en moyenne d’une trentaine de jours de consommation pour les principaux pays, auxquels se rajoutent des stocks « stratégiques » de 90 jours.
Le pétrole de schiste surestimé ?
L’évolution de la consommation et la production de pétrole est indiquée par les courbes ci-dessous (source : BP Statistical Review)
Alors que la consommation croit régulièrement (avec une chute en 2009), la production a stagné de 2004 à 2010, l’écart étant comblé par des carburants autres que le pétrole (biocarburants, condensats de gaz). L’année 2011 marque une croissance de la production de 1,1 million de barils par jour, soit +1,3%. La croissance provient surtout de l’Arabie saoudite (+1,2 Mb/j), mais aussi de l’Irak, du Koweit et des Emirats Arabes Unis (+1,2 Mb/j). Les Etats Unis ont progressé de 0,29 Mb/j grâce au pétrole de schiste.
L’avenir du cours de pétrole dépend donc principalement de la capacité du Moyen Orient à combler les décroissances des autres régions productrices. Le pétrole de schiste ne devrait pas jouer le rôle que lui attribue l’AIE (qui prévoit que ce pétrole permettra aux États-Unis de devenir exportateur de pétrole). L’Agence américaine pour l’énergie a au contraire prévu en 2012 des chiffres modérés de production de pétrole de schiste, 1,2Mb/j en 2020, qui permettraient de baisser de 26 % les importations américaines entre 2010 et 2035, et de compenser la baisse de la production domestique au-delà de 2020. L’AIE se signale ainsi une fois de plus par le manque de fiabilité de ses prévisions. Deux employés « senior » de cette agence ont déclaré en novembre 2009 au journal britannique The Guardian, sous couvert d’anonymat, que l’AIE dissimulait volontairement la gravité de la situation mondiale du pétrole, en cédant aux pressions américaines qui veulent dissimuler la vérité pour ne pas créer une « panique » sur les marchés.
Pour compléter ce tableau plutôt inquiétant, mentionnons la déclaration du PDG de Shell qui a déclaré au Financial Times le 21 septembre 2011 : "La production des champs existants décline de 5 % par an à mesure que les réserves s'épuisent, si bien qu'il faudrait que le monde ajoute l'équivalent de quatre Arabie saoudite ou de dix mers du Nord dans les dix prochaines années rien que pour maintenir l'offre à son niveau actuel, avant même accroissement de la demande." Aucun des éléments cités ci-dessus ne peut nous donner de certitudes quant à l’évolution du cours du pétrole à court terme. Mais de lourds nuages planent !
L’avenir du cours de pétrole dépend donc principalement de la capacité du Moyen Orient à combler les décroissances des autres régions productrices. Le pétrole de schiste ne devrait pas jouer le rôle que lui attribue l’AIE (qui prévoit que ce pétrole permettra aux États-Unis de devenir exportateur de pétrole). L’Agence américaine pour l’énergie a au contraire prévu en 2012 des chiffres modérés de production de pétrole de schiste, 1,2Mb/j en 2020, qui permettraient de baisser de 26 % les importations américaines entre 2010 et 2035, et de compenser la baisse de la production domestique au-delà de 2020. L’AIE se signale ainsi une fois de plus par le manque de fiabilité de ses prévisions. Deux employés « senior » de cette agence ont déclaré en novembre 2009 au journal britannique The Guardian, sous couvert d’anonymat, que l’AIE dissimulait volontairement la gravité de la situation mondiale du pétrole, en cédant aux pressions américaines qui veulent dissimuler la vérité pour ne pas créer une « panique » sur les marchés.
Pour compléter ce tableau plutôt inquiétant, mentionnons la déclaration du PDG de Shell qui a déclaré au Financial Times le 21 septembre 2011 : "La production des champs existants décline de 5 % par an à mesure que les réserves s'épuisent, si bien qu'il faudrait que le monde ajoute l'équivalent de quatre Arabie saoudite ou de dix mers du Nord dans les dix prochaines années rien que pour maintenir l'offre à son niveau actuel, avant même accroissement de la demande." Aucun des éléments cités ci-dessus ne peut nous donner de certitudes quant à l’évolution du cours du pétrole à court terme. Mais de lourds nuages planent !