L’entreprise est un lieu de pouvoir et de plus en plus de femmes sont amenées à exercer des fonctions au plus haut niveau. Or, pour que cette mixité soit porteuse de valeur ajoutée et de changement, elle devra se traduire dans les faits par une véritable diversité (de genre). Les femmes vont ainsi devoir revoir leur rapport au pouvoir et apprivoiser un tabou. Telle est la problématique que pose "Femmes et pouvoir : tabou ou nouveau modèle de gouvernance ?" Cette étude, conduite par Viviane de Beaufort, professeure senior à l’ESSEC Business School et fondatrice de "Women Be European Board Ready", a été réalisée en partenariat avec le Cabinet Boyden Global Executive Search et en collaboration avec diverses autres organisations.
Des normes comportementales
Viviane de Beaufort, experte en gouvernance d’entreprise et passionnée par les questions de mixité s’est interrogée sur la relation des femmes au pouvoir : "L’approche du pouvoir est-elle différente chez les femmes ? Ont-elles la possibilité de se positionner différemment et dès lors de faire passer d’autres valeurs, d’autres pratiques managériales ?" L'étude s'appuie sur une cinquantaine d’entretiens, menés en France et dans le monde, avec le cabinet Boyden Global Executive Search, auprès d’un échantillon majoritairement composé d’administratrices et de dirigeantes, de quelques politiques, de hauts fonctionnaires et d’experts.
L’étude acte que le modèle "masculin" dominant impose tacitement un certain nombre de normes comportementales qui sont autant de stéréotypes par défaut pour les femmes. Aux hommes, l’autorité et le leadership, aux femmes l’écoute et l’empathie. "Ces stéréotypes constituent des freins pour les femmes dans leur projection sur des postes de pouvoir, étant en minorité, elles peuvent avoir tendance à se conformer à la norme dominante". Si certain(e)s refusent encore de prêter des qualités ou comportements spécifiques aux femmes, il est désormais établi que le style de leadership est "genré".
L’étude acte que le modèle "masculin" dominant impose tacitement un certain nombre de normes comportementales qui sont autant de stéréotypes par défaut pour les femmes. Aux hommes, l’autorité et le leadership, aux femmes l’écoute et l’empathie. "Ces stéréotypes constituent des freins pour les femmes dans leur projection sur des postes de pouvoir, étant en minorité, elles peuvent avoir tendance à se conformer à la norme dominante". Si certain(e)s refusent encore de prêter des qualités ou comportements spécifiques aux femmes, il est désormais établi que le style de leadership est "genré".
Une relation au pouvoir ambigüe
Les femmes se confrontent avec difficulté à la "guerre" pour le pouvoir. Assumer son ambition n’est toujours pas facile pour les femmes. De même, les distinctions entre des notions de pouvoir / contrôle / autorité / influence ne sont pas encore claires pour toutes et trop souvent connotées négativement. Les femmes considèrent que le pouvoir isole et coûte en sérénité. Elles restent peu à l’aise avec les conflits qu’elles contournent en plébiscitant la médiation. Ce n’est pas qu’elles manquent de courage, bien au contraire. En fait, la confrontation pour la confrontation ne les intéresse pas.
La grande majorité des femmes déclare ne pas avoir fait de plan de carrière mais avoir décidé de choix par passion pour leur métier, et pour contribuer à l’intérêt général. La reconnaissance de leurs compétences leur est essentielle. Le goût pour le leadership vient plus tard quand elles se sentent légitimes. Elles aspirent au pouvoir de "faire" (potestas) plutôt que le pouvoir pour ses attributs. Toutes partagent un sens aigu des responsabilités qui se traduit à trois niveaux : le devoir de participer au changement d’un système de gouvernance (d’entreprise ou politique) qui n’est pas satisfaisant, l’absolu respect des règles et des principes éthiques et, pour certaines, une responsabilité particulière à l’égard des autres femmes, notamment de la jeune génération.
La grande majorité des femmes déclare ne pas avoir fait de plan de carrière mais avoir décidé de choix par passion pour leur métier, et pour contribuer à l’intérêt général. La reconnaissance de leurs compétences leur est essentielle. Le goût pour le leadership vient plus tard quand elles se sentent légitimes. Elles aspirent au pouvoir de "faire" (potestas) plutôt que le pouvoir pour ses attributs. Toutes partagent un sens aigu des responsabilités qui se traduit à trois niveaux : le devoir de participer au changement d’un système de gouvernance (d’entreprise ou politique) qui n’est pas satisfaisant, l’absolu respect des règles et des principes éthiques et, pour certaines, une responsabilité particulière à l’égard des autres femmes, notamment de la jeune génération.
Des variations liées au milieu socio-culturel
"Les réponses tirées des entretiens menés dans le monde n’ont pas permis d’établir des différences conséquentes sur de nombreux points importants. Cependant il est possible de distinguer des éléments selon le mode de gouvernance dominant.", expose Viviane de Beaufort. Trois modèles ont ainsi été identifiés :
• Le modèle de gouvernance à l’anglo-saxonne que l’on retrouve aussi au sein des organisations internationales et particulièrement européennes : plutôt élaboré et décomplexé à l’égard du genre. Les femmes y assument être "carriéristes". La gouvernance s’exerce dans un cadre normé limitant sa déclinaison verticale. Dès lors, un conflit potentiel est vécu comme une confrontation normale de points de vue.
• Un modèle de gouvernance présent dans les républiques "socialistes" ou anciennement "socialistes" : les femmes accédant aux postes de pouvoir dans le cadre d’une politique égalitaire n’ont pas de souci de discrimination. En revanche, elles expriment un désir de changement quant au mode d’exercice du pouvoir.
• Un modèle de gouvernance peu égalitaire et peu démocratique dans certains pays émergents, où les femmes sont des pionnières (voire des héroïnes) soucieuses du bien commun et engagées au-delà d’un combat sur la carrière en entreprise, dans les ONG et en politique.
• Le modèle de gouvernance à l’anglo-saxonne que l’on retrouve aussi au sein des organisations internationales et particulièrement européennes : plutôt élaboré et décomplexé à l’égard du genre. Les femmes y assument être "carriéristes". La gouvernance s’exerce dans un cadre normé limitant sa déclinaison verticale. Dès lors, un conflit potentiel est vécu comme une confrontation normale de points de vue.
• Un modèle de gouvernance présent dans les républiques "socialistes" ou anciennement "socialistes" : les femmes accédant aux postes de pouvoir dans le cadre d’une politique égalitaire n’ont pas de souci de discrimination. En revanche, elles expriment un désir de changement quant au mode d’exercice du pouvoir.
• Un modèle de gouvernance peu égalitaire et peu démocratique dans certains pays émergents, où les femmes sont des pionnières (voire des héroïnes) soucieuses du bien commun et engagées au-delà d’un combat sur la carrière en entreprise, dans les ONG et en politique.
Le pouvoir en politique, proche de l’autocratie
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Dans ce monde, les femmes sont ultra-minoritaires, elles portent une vision idéalisée de la politique et entrent souvent en résistance. "La politique devrait être le plus beau métier exercé dans l’intérêt général… c’est tout le contraire qui se passe. C’est un milieu de combats de personnes et d’intérêts privés. Il faut mener des combats sans cesse ", affirme la députée Marie-Jo Zimmermann, dans le cadre de l’étude.
Finalement, les motivations personnelles des femmes qui ont longtemps été des freins à leur réussite professionnelle s’avèrent aujourd’hui en phase avec le modèle d’entreprise souple que requiert l’évolution du monde: le (la) dirigeant(e) idéal(e) doit désormais être capable de conjuguer des compétences dites masculines (charisme, leadership, impartialité, capacité de décision) et le "quotient féminin" (relationnel, empathie, écoute, intuition, organisation, savoir être).
Finalement, les motivations personnelles des femmes qui ont longtemps été des freins à leur réussite professionnelle s’avèrent aujourd’hui en phase avec le modèle d’entreprise souple que requiert l’évolution du monde: le (la) dirigeant(e) idéal(e) doit désormais être capable de conjuguer des compétences dites masculines (charisme, leadership, impartialité, capacité de décision) et le "quotient féminin" (relationnel, empathie, écoute, intuition, organisation, savoir être).
Vers un modèle mixte de pouvoir ?!
Le moteur du pouvoir passe la main au profit de celui de la responsabilité, tandis que la valeur de l’exemple relaie le discours. Un mode de pensée plus émotionnel est en phase avec un leadership humaniste intégrant rationalité et intuition. Un modèle androgyne de pouvoir est né ou en passe de l’être qui requiert une capacité de conviction et l’acceptation par le décideur de s’entourer, d’être accompagné et challengé. "Il y a un changement de perspective de l’horizon du business intégrant la gouvernance pérenne en phase avec les parties prenantes et valorisant le courage, la prise de risque liée au changement", conclut Viviane de Beaufort.
Pour télécharger la présentation de l'étude, c'est ICI.
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