Le cours du pétrole continue à progresser, au plus haut depuis 2008 : 109 $ pour le light, 119 $ pour le Brent. On pourrait expliquer la hausse actuelle du cours par la baisse de la production de pétrole de la Lybie, qui ne produit que 300 000 barils/jour au lieu de 1,6 million normalement. Mais cette baisse est compensée par la chute actuelle de la consommation du Japon.
La future pénurie de pétrole ne fait aucun doute
Le retour à la normale de l’économie japonaise s’accompagnera d’une augmentation de sa consommation par rapport à la situation d’avant tsunami, par suite des travaux de réparation des dégâts du tsunami et de la compensation de l’arrêt de réacteurs nucléaires. Cette augmentation devrait correspondre au retour à la normale en Lybie. Les évènements de Lybie et du Japon devraient donc se compenser, et le cours actuel est probablement représentatif de l’offre et la demande réelles du marché pétrolier.
Cette situation est révélatrice de l’impuissance de l’Arabie Saoudite à faire baisser le cours, malgré ses engagements maintes fois réitérés, notamment en cas de défaillance d’un pays producteur. On peut comprendre que pour éviter un mouvement de panique, l’OPEP s’abstienne de dévoiler son incapacité à augmenter sa production désormais, en donnant comme maigre explication de son attitude que personne n’a manqué de pétrole à ce jour. Mais il vaudrait mieux maintenant regarder en face la situation réelle, pour en déduire un plan d’action adapté. Toute manœuvre dilatoire ne peut qu’être préjudiciable, en retardant des décisions urgentes.
Cette situation est révélatrice de l’impuissance de l’Arabie Saoudite à faire baisser le cours, malgré ses engagements maintes fois réitérés, notamment en cas de défaillance d’un pays producteur. On peut comprendre que pour éviter un mouvement de panique, l’OPEP s’abstienne de dévoiler son incapacité à augmenter sa production désormais, en donnant comme maigre explication de son attitude que personne n’a manqué de pétrole à ce jour. Mais il vaudrait mieux maintenant regarder en face la situation réelle, pour en déduire un plan d’action adapté. Toute manœuvre dilatoire ne peut qu’être préjudiciable, en retardant des décisions urgentes.
Les impacts se font déjà sentir
La question qui se pose ensuite est le degré de pénurie de pétrole que l’économie mondiale peut accepter sans que se déclenche une crise déflationniste. Certes, l'«intensité» du pétrole dans l’économie a baissé, mais voilà que deux indicateurs avancés d’une telle crise se positionnent :
(1) les prix des produits agricoles augmentent (le pétrole entre pour 45 % dans le coût de production de ces produits). Et la hausse ne se limite pas à quelques productions particulières, elle se généralise progressivement à tous les produits.
(2) le taux d’inflation augmente; il a atteint 2,6% en Europe, ce qui va sans doute amener la Banque Centrale Européenne à majorer son taux d’escompte, comme le laisse entendre M. Trichet. Une telle mesure a traditionnellement pour but de « refroidir » une économie dont l’emballement serait responsable de l’inflation, par insuffisance des moyens productifs matériels et humains.
Mais ce n’est pas le cas, nous sommes loin d’être en surchauffe, et une telle hausse du taux de base risque au contraire d’aggraver l’inflation, par majoration des coûts financiers. Cette hausse du taux favorisera la hausse de l’euro, avec deux effets contradictoires : baisse des achats, favorable pour l’inflation, mais hausse des prix de vente à l’export. Ce dernier effet est plus défavorable pour la France que pour l’Allemagne, dont la réputation de qualité de leurs produits leur permet d’augmenter leurs prix sans que leurs ventes baissent. La France au contraire risque de voir ses ventes à l’export diminuer, donc son activité également, avec un effet négatif sur l’inflation. Voilà qui ne plaide pas pour la monnaie unique.
(1) les prix des produits agricoles augmentent (le pétrole entre pour 45 % dans le coût de production de ces produits). Et la hausse ne se limite pas à quelques productions particulières, elle se généralise progressivement à tous les produits.
(2) le taux d’inflation augmente; il a atteint 2,6% en Europe, ce qui va sans doute amener la Banque Centrale Européenne à majorer son taux d’escompte, comme le laisse entendre M. Trichet. Une telle mesure a traditionnellement pour but de « refroidir » une économie dont l’emballement serait responsable de l’inflation, par insuffisance des moyens productifs matériels et humains.
Mais ce n’est pas le cas, nous sommes loin d’être en surchauffe, et une telle hausse du taux de base risque au contraire d’aggraver l’inflation, par majoration des coûts financiers. Cette hausse du taux favorisera la hausse de l’euro, avec deux effets contradictoires : baisse des achats, favorable pour l’inflation, mais hausse des prix de vente à l’export. Ce dernier effet est plus défavorable pour la France que pour l’Allemagne, dont la réputation de qualité de leurs produits leur permet d’augmenter leurs prix sans que leurs ventes baissent. La France au contraire risque de voir ses ventes à l’export diminuer, donc son activité également, avec un effet négatif sur l’inflation. Voilà qui ne plaide pas pour la monnaie unique.
Des solutions qui se font rares
Autres articles
-
Un été en pente douce pour les marchés financiers
-
Comment faire confiance aux acteurs de la fintech ?
-
Les marchés financiers soulagés par la désinflation américaine
-
Les actifs risqués fragilisés par la hausse des rendements obligataires
-
Les actifs risqués résistent à la hausse des rendements obligataires
Pour 2008, il peut sembler que c’était les excès de la hausse du cours qui avaient déclenché sa salutaire dégringolade, par contraction de la demande. Ce n’est pas le cas, car la chute du cours provenait principalement de la mise en service par l’Arabie Saoudite de nouvelles facilités de production, possibilité qui semble révolue aujourd’hui. L’effet de la hausse présente du prix du pétrole sur sa consommation existera, mais devrait rester inférieur à celui de l’affaiblissement actuel de l’offre sur la demande.
Alors quelle solution ? Si on en croit ceux qui veulent la fin du nucléaire, il suffirait que nous réduisions notre consommation. Oui, mais de combien ? Aujourd’hui, les énergies fossiles et nucléaires représentent 94% de l’énergie totale consommée. Et même en augmentant au maximum les énergies éoliennes et photovoltaïques, on ne pourrait rajouter que 4% du besoin énergétique total (soit 10% de la production d’électricité). Qui peut imaginer qu’on puisse réduire de 90% notre énergie consommée sans un retour à un stade très archaïque de notre civilisation ?
Alors quelle solution ? Si on en croit ceux qui veulent la fin du nucléaire, il suffirait que nous réduisions notre consommation. Oui, mais de combien ? Aujourd’hui, les énergies fossiles et nucléaires représentent 94% de l’énergie totale consommée. Et même en augmentant au maximum les énergies éoliennes et photovoltaïques, on ne pourrait rajouter que 4% du besoin énergétique total (soit 10% de la production d’électricité). Qui peut imaginer qu’on puisse réduire de 90% notre énergie consommée sans un retour à un stade très archaïque de notre civilisation ?
Face à une augmentation continue du cours du pétrole, la conjoncture se retournera
Vous pouvez tourner le problème dans tous les sens, si l’on veut éviter une dramatique descente aux enfers, il n’y a que le nucléaire… Il est regrettable dans ces conditions que le programme présidentiel que publie le Parti Socialiste prévoie une diminution puis un abandon de l’énergie nucléaire, selon les déclarations de Martine Aubry :
21 mars « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire, sur une période de 25 à 30 ans. »
28 mars :"Je ne crois pas vraiment que nous pourrons remplacer l'énergie nucléaire par le solaire dans cinq ou dix ans, même s'il y a un énorme effort à faire". "Comment démanteler les centrales ? Enfouir les déchets ?"
La pénurie naissante du pétrole nous met devant nos responsabilités. Il ne s’agit plus de politique, mais de réalité. L’économie est actuellement sur la voie du redressement. Mais il est clair que face à une augmentation sans fin du cours du pétrole, il arrivera un moment où la conjoncture se retournera. Il faut anticiper cette situation dès à présent.
Pour en savoir plus sur le sujet, cliquez-ici.
21 mars « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire, sur une période de 25 à 30 ans. »
28 mars :"Je ne crois pas vraiment que nous pourrons remplacer l'énergie nucléaire par le solaire dans cinq ou dix ans, même s'il y a un énorme effort à faire". "Comment démanteler les centrales ? Enfouir les déchets ?"
La pénurie naissante du pétrole nous met devant nos responsabilités. Il ne s’agit plus de politique, mais de réalité. L’économie est actuellement sur la voie du redressement. Mais il est clair que face à une augmentation sans fin du cours du pétrole, il arrivera un moment où la conjoncture se retournera. Il faut anticiper cette situation dès à présent.
Pour en savoir plus sur le sujet, cliquez-ici.