Les autorités américaines ont annoncé une amende de près de 10 milliards à l’encontre de BNP Paribas, accusée de contournement de l’embargo américain mis en place sur des pays comme l’Iran, Cuba ou encore le Soudan. Suite à cette annonce, l’action de la banque a déjà enregistré une baisse de plus de 5 %.
Le caractère irrationnel et donc politique de cette amende
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Définitivement, le gigantisme des montants avancés (10 milliards de dollars d’après les dernières annonces) pour une amende concernant des opérations commercialement licites, démontre le caractère politique de cette affaire qui dépasse largement BNP Paribas. Il semble évident que cette « punition » est un moyen pour les américains de défendre leur hégémonie économique mondiale en affaiblissant un des fleurons de l’économie européenne. Plusieurs éléments montrent le caractère irrationnel et donc politique de cette amende, même s’il s’agit probablement d’une stratégie de négociation :
- Précédemment, deux banques (Standard Chartered et ING) ont été condamnées pour les mêmes motifs mais avec des montants moindres : 600 millions de dollars. Par prudence, BNP Paribas avait donc provisionné 1 milliard de dollars : on est très loin de la somme envisagée aujourd’hui pour BNPP par la justice américaine !
- Ayant été accusées d’être trop complaisantes avec le monde de la finance, les autorités américaines, plutôt que d’instruire un dossier officiel, surfent en réalité sur le sentiment anti banque qui règne aujourd’hui outre atlantique. Ce sentiment a été à l’origine de deux des plus grosses amendes de l’après crise : JP Morgan (13 milliards de $) et Crédit Suisse (près de 3 milliards de $).
- Dans le cas de BNP Paribas, il n’y a aucune fraude à proprement parler, pas de blanchiment, ni défaut de conseil, ni manipulation de marché, ni financement du terrorisme. Au contraire toutes les transactions incriminées ont été déclarées conformes aux droits français et européens et compatibles avec les règles de l’ONU. Leur seul défaut : avoir été libellées en dollars.
- Précédemment, deux banques (Standard Chartered et ING) ont été condamnées pour les mêmes motifs mais avec des montants moindres : 600 millions de dollars. Par prudence, BNP Paribas avait donc provisionné 1 milliard de dollars : on est très loin de la somme envisagée aujourd’hui pour BNPP par la justice américaine !
- Ayant été accusées d’être trop complaisantes avec le monde de la finance, les autorités américaines, plutôt que d’instruire un dossier officiel, surfent en réalité sur le sentiment anti banque qui règne aujourd’hui outre atlantique. Ce sentiment a été à l’origine de deux des plus grosses amendes de l’après crise : JP Morgan (13 milliards de $) et Crédit Suisse (près de 3 milliards de $).
- Dans le cas de BNP Paribas, il n’y a aucune fraude à proprement parler, pas de blanchiment, ni défaut de conseil, ni manipulation de marché, ni financement du terrorisme. Au contraire toutes les transactions incriminées ont été déclarées conformes aux droits français et européens et compatibles avec les règles de l’ONU. Leur seul défaut : avoir été libellées en dollars.
Une perte de licence bancaire aux Etats-Unis serait catastrophique
Nous avons donc affaire à un abus de droit américain qui considère que toute société faisant des transactions en dollars doit respecter la législation américaine, notamment sur les règles d’embargo. N’oublions pas que Cuba n’est pas sous embargo français ! Pourquoi BNP Paribas se soumettrait-elle ? En raison des enjeux liés à une perte de licence bancaire aux Etats-Unis qui seraient considérables : complication de ses relations avec leur filiale américaine Bank West, écartement de BNP Paribas d’une grande partie des contrats mondiaux encore libellés en dollars, cantonnement à un rôle régional…. Inacceptable !
Par ailleurs, 10 milliards de dollars représentent quatre trimestres de bénéfices et n’est pas susceptible de remettre en cause la pérennité de la banque. Compte tenu du montant, cela ne manquerait pas néanmoins de la fragiliser (cours de bourse en baisse, évolution des fonds propres…). Cela pourrait aussi remettre en cause ou retarder leur plan de route visant à générer une plus forte rentabilité des fonds propres.
À propos de l’auteur : Éric Delannoy est vice-président de Weave, cabinet de conseil en stratégie opérationnelle.
Par ailleurs, 10 milliards de dollars représentent quatre trimestres de bénéfices et n’est pas susceptible de remettre en cause la pérennité de la banque. Compte tenu du montant, cela ne manquerait pas néanmoins de la fragiliser (cours de bourse en baisse, évolution des fonds propres…). Cela pourrait aussi remettre en cause ou retarder leur plan de route visant à générer une plus forte rentabilité des fonds propres.
À propos de l’auteur : Éric Delannoy est vice-président de Weave, cabinet de conseil en stratégie opérationnelle.