2010 aura vu le prix de nombreuses matières premières s’enflammer. Certaines ont même atteint des sommets historiques. C’est notamment le cas de l’or et du cuivre. L’argent a quant à lui atteint son plus au niveau depuis trente ans. De son côté, le prix du pétrole brut continue sa progression et se rapproche lentement mais sûrement des 90 dollars par baril.
L’évolution du CRB Futures, l’indice des matières premières, (voir graphique ci-dessous) montre la hausse impressionnante du prix des matières premières. L’indice est composé des prix de l’énergie (17,6%), des céréales et oléagineux (17,6%, blé, maïs, soja, etc.), des matières premières pour l’industrie (11,8%, cuivre, coton, etc.), de l’élevage et des produits dérivés (11,8%, bovins, porcs, peaux, viande pour la boucherie, graisse, etc.), des métaux précieux (17,6%), des softs (23,5%, cacao, café, jus d’orange, sucre, etc.).
Comme toujours l’offre et la demande
Il y a deux ans, les choses allaient dans le sens inverse. Comment expliquait un tel écart ? Pour comprendre ces variations aussi marquées, il faut regarder du côté de la demande et de l’offre. Durant la crise, la consommation de matières premières s’est effondrée. Aujourd’hui, elle repart. Le prix des matières premières reflète le redressement continu de l’économie mondiale depuis la crise économique. De l’autre côté, l’offre peine à suivre ce rythme. En 2008, la situation était inversée. La demande était faible et l’offre stable.
Article publié pour la première fois le : 19/12/2008
"Une sortie rapide de la récession provoquerait une remontée rapide des cours. On l'a vu en 2000-2001 où la récession a été très courte et les matières premières sont remontées dès qu'on en est sorti (début 2002). En revanche, si la récession devait durer un peu plus longtemps, elle permettra d'engager un mouvement durable de détente sur les prix", indiquait il y a quelques semaines au Figaro Antoine Brunet, conseiller chez Lazard. Une sortie de crise la plus rapide possible est non seulement espérée au sein des économies occidentales, mais également dans les pays exportateurs de matières premières. Les annonces d’entrée en récession se multiplient, ce qui pénalise ces États.
Une demande à la baisse
En effet, le ralentissement de l’économie mondiale, dont la croissance ne devrait plus être que de 0,9 % en 2009 après 2,5 % en 2008, témoigne d’une dégradation des termes de l’échange. Les fluctuations des cours dépendent notamment de la conjoncture et, de ce fait, les prix sont actuellement tirés à la baisse. Le recul de la demande et le retrait d’investisseurs qui s’étaient rabattus sur les matières premières au début de la crise financière conduisent les cours à une descente significative depuis l’été dernier. La place des pays en développement et émergents, premiers concernés par les exportations de matières premières, dans le commerce international, semble moins d’actualité.
"Ces pays à faibles revenus qui exportent des matières premières non-agricoles sont au beau milieu d’un transfert de ressources. C’est indubitablement la plus grande des opportunités pour le développement transformatif que ces sociétés ont expérimentées, diminuant l’aide et le précédent boom des matières premières", expliquait l’an dernier le Centre d’études des économies africaines de l’université d’Oxford. Les investissements prévus dans ces pays sont donc remis en question, entravant leur développement. Pourtant, de nombreux projets doivent être concrétisés : le PIB par habitant des pays dépendant à plus de 70 % des matières premières (exportations) s’est accru en moyenne de 0,4 % par an entre 1980 et 2006, contre 1,6 % pour les économies davantage diversifiées.
"Ces pays à faibles revenus qui exportent des matières premières non-agricoles sont au beau milieu d’un transfert de ressources. C’est indubitablement la plus grande des opportunités pour le développement transformatif que ces sociétés ont expérimentées, diminuant l’aide et le précédent boom des matières premières", expliquait l’an dernier le Centre d’études des économies africaines de l’université d’Oxford. Les investissements prévus dans ces pays sont donc remis en question, entravant leur développement. Pourtant, de nombreux projets doivent être concrétisés : le PIB par habitant des pays dépendant à plus de 70 % des matières premières (exportations) s’est accru en moyenne de 0,4 % par an entre 1980 et 2006, contre 1,6 % pour les économies davantage diversifiées.
Des fluctuations brutales
Les fluctuations brutales des cours sont également à même de déstabiliser les producteurs, notamment agricoles. Faute de vision à long terme, ils ne peuvent planifier correctement leur production, les décisions étant souvent annuelles. Les aides des Etats ou ensembles régionaux restent marginales, tout comme les assurances pour se couvrir en cas de retournement des cours. La volatilité extrême actuellement enregistrée pénalise les moins avertis ou favorisés des agriculteurs, dont les revenus dépendent des cours. "Les producteurs ne sont pas les victimes mais largement les acteurs de ces fluctuations des prix de matières premières. C'est bien parce qu'ils ne planifient pas leurs investissements sur le long terme que les marchés sont aussi volatils", tempère dans un entretien accordé au Monde Jean-Paul Pollin, professeur d'économie à l'université d'Orléans.
Afin d’éviter une telle situation, trois chercheurs du Centre de développement de l’OCDE appelaient en 2007 à la constitution d’un fonds de stabilisation des revenus pour les pays exportateurs de matières premières. "Il ne s’agit pas ici de parvenir à une stabilisation utopique des prix mais bien de lisser les revenus des producteurs. Les pays devraient être protégés contre les déviations des prix des matières premières par rapport à un prix de référence fonction des tendances de long terme du marché", précisaient-t-ils dans une publication. Une telle solution présenterait le mérite d’aider ces Etats à établir des projets sur le long terme, mais constituerait un point épineux quant à son financement.
Afin d’éviter une telle situation, trois chercheurs du Centre de développement de l’OCDE appelaient en 2007 à la constitution d’un fonds de stabilisation des revenus pour les pays exportateurs de matières premières. "Il ne s’agit pas ici de parvenir à une stabilisation utopique des prix mais bien de lisser les revenus des producteurs. Les pays devraient être protégés contre les déviations des prix des matières premières par rapport à un prix de référence fonction des tendances de long terme du marché", précisaient-t-ils dans une publication. Une telle solution présenterait le mérite d’aider ces Etats à établir des projets sur le long terme, mais constituerait un point épineux quant à son financement.