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​L’optimisme excessif des marchés invite à la prudence

18 Août 2016
Nicolas Chéron
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Une fois digéré le choc du référendum britannique, les indices boursiers ont entamé une remontée spectaculaire mais qui s’inscrit en Europe dans une tendance baissière de moyen terme. Les risques potentiels et les niveaux de valorisation doivent mettre les investisseurs en garde contre cette hausse en trompe l’œil.

Une reprise soutenue par les banquiers centraux

La reprise des marchés entamée fin juin a permis au Cac 40 de passer de 3 985 points le 27 juin à 4 504 points le 11 août. Une belle remontée qui semble avoir trouvé ses limites au cours des dernières séances marquées par des prises de bénéfices. Cette reprise technique a été soutenue par l’omniprésence des banquiers centraux et par le rebond des prix du pétrole (hausse de 20% du baril de brent depuis le début du mois). Les résultats trimestriels des entreprises américaines ont également contribué à rassurer les investisseurs alors que 75% des sociétés du S&P 500 ont battu le consensus des analystes.

Les dernières déclarations officielles britanniques repoussant la mise en œuvre du Brexit à 2017 sont aussi un facteur d’apaisement. Sans oublier que l’absence de mauvaises nouvelles constitue en soi une bonne nouvelle pour des opérateurs qui sont entrés à partir de l’été 2015 dans un cycle baissier. Sur le plan des prévisions macroéconomiques, l’optimisme reste de mise aux Etats-Unis. La Fed d’Atlanta attend ainsi un PIB américain en progression de 3,5% au troisième trimestre. La probabilité d’une hausse de taux de la Fed au cours du mois de septembre a augmenté de 9 à 18% et celle d’une hausse d’ici décembre est passée de 42% à 51% selon les Fed Funds. Malgré la remontée de ces deux chiffres, un relèvement des taux en septembre paraît toujours improbable.

Valorisations excessives

Alors que la trêve estivale n’est pas achevée, nous pouvons identifier plusieurs facteurs de risques potentiels susceptibles de perturber l’activité des marchés au cours des prochaines semaines. D’abord, les banques italiennes sont toujours sous pression. Ensuite, la situation financière de l’Espagne et du Portugal reste à surveiller malgré le dépassement de leurs objectifs de déficit. L’endettement de l’Espagne a dépassé en juin le cap des 100% par rapport à son PIB annuel. Par ailleurs, les dernières statistiques chinoises, en dessous des attentes, ne sont guère rassurantes mais laissent penser que les autorités vont engager davantage de « stimuli ». Les élections américaines en novembre resteront également un facteur d’indécision jusqu’à début novembre.

Enfin, il convient de s’arrêter sur les valorisations. Même si les entreprises publient des résultats trimestriels souvent supérieurs au consensus, les niveaux de bénéfices ont tendance à baisser alors que les indices boursiers poursuivent leur progression. Résultat, le PER (price earning ratio) s’envole au-dessus de ses niveaux habituels. Le retard des indices européens par rapport aux indices américains s’est atténué au cours des dernières semaines. Le Cac 40 est revenu à ses niveaux de l’année mais la remontée entamée à la mi-février s’effectue en dents de scie et s’inscrit, rappelons-le, dans une tendance baissière de moyen terme. Pour dépasser les résistances actuelles (le Cac 40 évolue dans une zone horizontale), le marché manque clairement de catalyseurs. Même si les indices se reprenaient au cours des prochaines séances, il conviendrait alors de rester sur ses gardes et de se préparer à une nouvelle phase de repli. ​

A propos de l'auteur : Nicolas Chéron est stratégiste pour CMC Markets.



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